La Dame de fer

Tout se passe comme si l’on avait voulu faire de La Dame de fer un de ces films de facture classiques à succès, un de ces films fermes comme des rôtis bien ficelés, qui semblent tenir tout seuls tant les ficelles sont à leur place, invisibles. La recette a visiblement été bien copiée, jusqu’à la touche d’assaisonnement : on retrouve une scène de travail de l’élocution, comme dans Le Discours d’un roi.
 

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[Au détour d’un plan ressurgit parfois Cruella.]
[Et il y a ce mouvement des lèvres qui me rappelle mon ancienne prof de danse… anglaise. Coïncidence ou logique mécanico-linguistique ?] 

La performance de Meryl Streep n’a rien à envier à celle de Marion Cotillard, et ce nouveau biopic emprunte même à La Môme un ressort narratif qu’il utilise comme trame : tout comme l’amant de Piaf, le mari de Margaret Thatcher est filmé comme si de rien n’était, comme s’il n’était pas sorti de sa vie, de la vie. Le coup de folie ponctuel face au deuil impossible devient le signe chronique de la sénilité. C’est à partir des confusions de la mémoire que le film se permet des allers et retours dans le temps, retrouvant tout de même par les associations de situations le sens de la chronologie. Cela se découpe bien et c’est aussi tendre sous la dent que les temps sont durs.

A une bonne recette et de bons ingrédients, il faut pourtant le tour de main. Il y a bien le fer et le gant de velours, mais la main ? On voudrait être dirigé avec plus de poigne dans un parcours politique qui n’en a pas manqué. Là où J. Edgar montrait un personnage complexe, La Dame de fer ne fait pas dans la dentelle et l’on a parfois l’impression que cette fille d’épicier doit davantage son ascension politique à son entêtement qu’à sa volonté. La certitude d’être dans son bon droit, qui lui confère, comme à J. Edgar, un aplomb étonnant, se teinte de naïveté, et ses convictions n’ont alors pas grand mal à devenir dans la vieillesse des dogmes dont elle ne démord pas. Ceux-si sont tout de même l’occasion de quelques vérités bien frappées, comme lorsqu’elle déplore : people nowadays want to be someone, whereas we wanted to do something & they do not think, they feel.

Pour le reste… on se régalera du jeu de Meryl Streep, d’œufs à la coque et du délicieux Harry Lloyd dont je suis serais moi aussi tombée amoureuse.
 

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