Le prix de l’AROP était cette année décerné à Fabien Révillon et Héloïse Bourdon – qui me l’a refilé : on ne voit qu’elle en scène, mais pour combien de temps encore ? Sa maigreur, plus encore que son discours emphatique et monocorde, m’a presque fait regretter d’être venue à la remise des prix. Ses chevilles aux tendons crispés sur des talons aiguilles m’angoissent comme si c’étaient une gorge agonisante. Comment peut-on laisser diminuer une danseuse aussi sublime ? Je lui aurais bien volontiers laissé tous mes petits-fours si elle avait consenti à relâcher son sourire tenu comme un équilibre périlleux. Entre l’effacement de la jeune femme et la bousculade des vieux aropiens autour du buffet, j’ai été prise de lassitude. Heureusement, il y avait la touchante entrée en matière de Fabien Révillon qui a justifié son anxiété par ce que « la danse est un art muet » ; Karl Paquette en sweat à capuche, souriant sincèrement ; le petit rat sortie de son labyrinthe de lignes de bus ; JoPrincess, en compagnie de qui j’expérimente la sensation d’être petite – ce qui ne m’arrive pas souvent – sans être pour autant gamine – ce qui arrive un peu trop souvent ces temps-ci ; le mélange du caramel et du chocolat fondant au milieu d’un carré de sablé au beurre salé, l’alliance du chocolat et du cassis dans un macaron violet, et autres délicieuses bouchées que j’ai grignotées et fait durer en m’éloignant autant que faire se peut des conversations bruyantes et inaudibles, de toute cette fureur de juger. La danse est un art muet, cela n’a pas de prix.
6 réflexions sur « Le prix de la danse »
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C’est triste que vous ayez vu cette soirée AROP sous cet angle. C vrai que ce type de truc est toujours un peu folklo.. mais delà à dire des choses si choquantes.. j’ai trouvé pour ce qui me concerne très émouvante et belle cette remise de prix qui récompensait ces deux jeunes artistes de la compagnie si méritants effectivement et plutôt magnifiques, précisément ce soir là, dans un exercice difficile pour des jeunes de 20 ans. Ces méchancetés gratuites sont tès troublantes. C’est dommage qu’il n’y ait que la danse qui soit un art muet.
Vous trouvez choquant de déplorer qu’on laisse glisser dans l’anorexie une danseuse plus que prometteuse ? C’est de ne même plus y prêter attention, que je trouve choquant. Et c’est une amatrice de corps minces (maigres déjà pour certains) qui vous le dit – mon copain en est la preuve vivante.
De « méchanceté », je n’entrevois à la limite que la qualification de son discours. Et encore… Qu’elle ne soit pas bonne oratrice ne remet pas en cause sa danse, son intelligence, sa beauté ou que sais-je encore. Tant qu’on la voit en scène, tant qu’on ne voit qu’elle en scène, comme dans les Joyaux l’année dernière, je m’en contrebalance de son discours obligé. Mais qu’elle risque de finir par moins danser et par se faire bloquer son ascension dans le corps de ballet parce que la direction ne veut pas avoir l’air de cautionner la maladie, ça, oui, ça m’emmerde.
Cela fait partie, avec une certaine forme de mondanité, des choses qui me lassent et m’attristent. Surtout quand je suis fatiguée et que je fais quand même le déplacement pour voir une artiste que j’apprécie particulièrement.
Maintenant, si vous ne voulez lire que les comptes rendus à la légèreté de bulles de champagnes, vous pouvez toujours vous rabattre sur le prix Arop de l’année dernière (http://grignotages-de-mimylasouris.blogspirit.com/archive/2010/11/10/remise-des-prix-arop-a-garnier.html) ou… ne plus me lire.
Ce n’était peut être pas la peine d’en rajouter une couche ? On connait bien Héloïse qui n’a rien d’une anorexique et qu’on voit dévorer comme quatre à la cafette tous les jours. Vous vous rendez compte que vous allez jusqu’à parler de maladie ? Moi je trouve ça très grave. Cette fille est mince tout simplement et très très saine, on peut vous rassurer. On attendait plutot de vous egalement un autre discours sur une fille qui par son travail vient de se voir remettre deux prix en deux ans Carpeaux et Arop à 20 ans, ce qui n’est pas banal, c’est peut être ça qui vous emmerde. Je ne pense pas Madame Mimylasouris me tromper en affirmant que la Direction voit autre chose en Héloïse qu’une malade… Bon ,j’arrete parceque moi aussi je commence à rentrer dans votre jeu assez pervers. En fait vous voulez quoi ? « Sauver la danseuse Héloïse »?
Je pense qu’elle n’a besoin de personne et qu’elle va continuer à tracer (malgré sa légèreté) sans aucun problème. Légère comme une plume, peut être, fragile, sûrement pas. Parceque ce type de propos…faut quand même une sacré dose de forces pour les encaisser.
Là, je courre voir la Source, peut être une occasion d’être d’accord ? Salut !
Tant mieux, alors, je ne souhaite pas mieux que de me tromper. Parce qu’il y a une chose que vous ne semblez pas vouloir lire : je trouve cette danseuse absolument formidable – et la trouvais déjà ainsi avant qu’elle ne reçoive des prix.
Bonjour,moi je suis de Montreal et j’ai été invitée au prix Arop. J’ai vraiment vu deux belles personnes et meme si le discours de la fille était solennel il était bien mature. C’est mieux que de bredouiller du n’importe quoi. On voit qu’elle y avait pensé avant, c’est tout. C’est plutôt du respect pour les autres. Mais quand j’ai lu là, qu’on la traitait de malade…d’anorexique.. ! Cà c’est horrible . Je me suis dis là ma fille tu vas réagir, c’est trop sale pour cette pauvre môme qu’à l’air si bien. Vous êtes terribles en France avec la jalousie. Vous avez pas honte de dire des choses pareilles. Ca mérite le procès en diffamation. Faudrait venir voir la troupe de ballet du Québec. Des histoires comme ça n’existent même pas en rêve. Pourquoi vous êtes toujours si hargneux en France, quand quelqu’un sort la tête de l’eau. En plus si jeune.. c’est incroyable cette histoire! On comprend pourquoi les Psy font du fric chez vous.. Ya du boulot. FLO
Wow, d’un coup, je représente les hargneux Français, quelle promotion ! Mais je crois que je risque de devenir soviétique et bazarder tout ça dans l’oubli…
Je suis tout à fait d’accord qu’Héloïse a montré qu’elle était mature et qu’elle s’était donné de la peine pour son discours. Et je ne vous ai pas attendu pour la trouver sublime danseuse. Mais je maintiens que je la trouverais plus resplendissante encore avec quelques kilos de plus (quelqu’un a-t-il déjà vu les merveilleuses danseuses de l’ABT ?). Quant à l’anorexie, c’est sûrement une hyperbole dans son cas, mais ça ne saurait de toutes manières en aucun cas être une insulte comme vous avez toutes l’air de le penser (j’ai une amie qui en a trop souffert pour que cela puisse être pour moi autre chose qu’un sujet d’inquiétude – peut-être trop prompte à présent). Alors maintenant que Lulu a affirmé que la maigreur ou minceur, comme il vous plaira, n’a absolument rien de maladif chez cette danseuse que nous admirons toutes trois, le sujet est CLOS. Que chacune retourne à ses petits-fours, on ne parle pas la bouche pleine.