Spectacle de l’école de danse à Fontenay-le-Fleury le week-end dernier, et réjouissantes âneries. Puisqu’il n’est pas question de faire l’autruche, je vous mettrai quelques photos quand je les aurai reçues.
Course en coulisses, une demie-heure le premier soir pour mettre les lentilles ( trois filles sur moi, yeux de lapins albinos, allégremment maquillés ensuite), élastique des pointes qui craque après la première entrée en scène… petits couacs qui n’efface pas le plaisir de la scène. J’avais eu un peu peur à la générale où, clairement, je n’étais pas dans mes pointes et où le ballet est passé comme un train sans arrêt dans une gare. Attention au passage d’un train, éloignez-vous de la bordure du quai, s’il-vous-plaît. Fermez les yeux et ne regardez pas. Le noir de la salle semblait un trou béant, qui engloutissait chaque mouvement esquissé et l’affadissait aussi sec.
Mais samedi, lentilles posées, les éclairages m’ont semblé plus forts, tissant de leurs faisceaux un espace dense ; l’obscurité n’était plus vide, mais un écran noir sur lequel faire impression, et derrière les regards. J’étais là, mieux que le bourdon de la pub pour le sucre, même, parce que je n’étais pas un témoin parasite. Là intensément, même dans les moments de pantomime, qui ne sont pourtant pas mon fort. En même temps, avec un partenaire à qui donner la réplique, c’est de suite plus crédible. (Je vous laisse imaginer à la générale le pas de deux en solo et la promenade arabesque en dehors – un chef-d’oeuvre de caricature). Et puis la complicité, que je vous salue mes fées, et n’oublie pas, hein, épaule gauche avant d’entrer en scène (toujours pour la promenade arabesque), et plus tôt, hors scène, les trocs je-te-maquille / tu-me-coiffes, qui a de la laque ? Et puis aussi le constraste scène/coulisses immédiates : notre professeur en lutin espiègle qui sortie de son royaume rouspète Mais il est parti avec les fleurs cet imbécile ! avant de repartir tout sourire ; un petit page très digne en scène, qui derrière fait du strip-tease pour devenir luciole ; les entrées et sorties suivies, fluides, et les embouteillages derrière les scotchs blancs, que je me colle au pendrion pour ne pas me faire décapiter par un grand jeté de sortie ; les facéties légères en lumières, le corps plié en deux pour retrouver son souffle dans l’ombre. Un profil en amphore grecque aux anses de cils glâné sur le mur, et partout des ombres chinoises qui doublent le royaume des fées shakespearien. Combat dans la forêt : faites cliqueter les mousquets ; Puck prend le contrôle des amants dépareillés : un petit tour en essoreuse à salade, pour la peine, et que je ne te reprenne pas à piquer la fiancée de l’autre ; éprise d’un âne : je me marre un brin (d’herbe). Le kitsch des coulisses fait féerie de scène et l’écueil du lyrique dégoulinant est évité avec humour et pointes pétillantes.
Samedi prochain, donc samedi 23 mai, autre spectacle – celui de la mauvaise troupe, cette fois-ci, au théâtre Montansier, à Versailles. Parmi d’autres compagnies des Yvelines, nous feront deux passages : la reprise d’une chorégraphie sur l’hiver de Vivaldi et un nouveau délire sur la musique de Prokoviev, genre Cendrillon renaît de ses cendres. Une dizaine de minutes chacun. Si vous voulez venir faire un tour… et pour les amateurs, la veille, il y a le junior ballet du CNSM de Paris. La répétitrice de la section contemporaine nous a fait un cours mardi (enfin une masterclasse, comme on dit – bien que nous soyons plutôt ignardes en contemporain). Il faudra que je vous raconte aussi, mais une fois que ma hanche ne me fera plus mal et que mon oeil de perdrix n’aveuglera plus mon jugement.
(Il y a des fois où je regrette sérieusement de ne pas habiter plus près de Paris)