Joyeuse fête des mères : totalement dispensable, tout à fait délectable. Même rouillés, les ressorts de la comédie romantique polyphonique fonctionnent toujours.
On notera toutefois que, pour masquer la rouille, on a un peu abusé de vernis : il n’y a rien qui dépasse, ni les coupes de cheveux ni les pelouses à la Desperate Housewives – pas même la barbe d’un papa-Ken ou la tignasse poivre et sel d’un FILF (une MILF au masculin, quoi). La maladresse, qui fait tout le charme de la comédie romantique, paraît de plus en plus organisée, cadrée, millimétrée, tout juste tolérée. Mais curieusement, cet aspect kitsch n’empêche pas des thèmes plus durs d’affleurer, avec une fille adoptée, un père veuf de sa femme soldat ou des parents racistes et homophobes (il n’est d’ailleurs pas improbable que le kitsch esthétique soit la conséquence de ces thèmes : il faut un maquillage à la truelle pour masquer cette merde). On guette vainement chez Julia Roberts le sourire de Coup de foudre à Notthing Hill ; c’est clairement Jennifer Aniston, avec son air de mom next door, qui s’en tire de mieux (et Kate Hudson, Juno-like).
(Quand j’étais ado, les personnages de comédies romantiques étaient adultes, sans enfants ; maintenant que je suis adulte, ils ne sont plus nullipares mais n’ont toujours pas, hommes, femmes, le mode d’emploi.)
Contrairement à vous, rien vu au cinéma ces derniers temps, pas de Julieta, no Loute , mais hier un éblouissement : « Mister Gaga » consacré à l’intense Ohad Naharin (que mon correcteur automatique, cet imbécile, brûle de transformer en navarin….): film prenant, poignant, splendide de bout en bout, où sont dites sur la danse des choses simples et merveilleuses (on oublie Nathalie Portmann qui énonce trois banalités d’un air pénétré) je suis sûre que vous irez si ce n’est déjà fait.
Et tant que j’y suis merci pour votre texte sur Giselle et le ballet romantique, qui a beaucoup éclairé mes étudiants lors de la représentation du mardi 14, cadeau inespéré de la CGT à moustaches.
Bien à vous,
Agnès
Je suis allée voir ce documentaire jeudi dernier : chroniquette à venir ! (C’est très bon, le navarin, en même temps…)