Melendili m’avait recommandé le podcast Remèdes à la mélancolie, mais j’ai le plus grand mal à suivre et les recommandations et les podcasts. En revanche, tomber à la médiathèque sur le livre tiré des émissions, voilà qui me convient bien. J’ai tout de suite accroché avec l’écriture fine et humoristique d’Eva Bester, qui est un peu votre best (better) friend rien que par son nom. Et le style forcément oralisant des extraits d’interviews choisis m’a rappelé l’exercice de retranscription mené en première année de licence danse (laborieux, mais riche d’enseignement sur notre manière de parler).
J’ai noté quelques lectures à tenter peut-être (San-Antonio, Jules Renard), recopié cette définition de Céline Sciamma (« C’est quasiment une espèce d’onanisme de la tristesse, la mélancolie. »), mais surtout je me suis demandé quels seraient mes remèdes à la mélancolie, et j’ai eu envie de tenter une liste.
« Sérums littéraires »
- Les romans de Daniel Pennac et David Lodge (même si je n’en ai lu que deux de ce dernier).
« Onguents filmiques »
- Coup de foudre à Notting Hill, qui me fait rire à chaque visionnage (je veux dire, le masque de plongée au cinéma, les T-shirt de Spike, les carottes victimes de meurtre, poor carrots…).
- Les comédies romantiques d’une manière générale.
- Toute série qui peut rendre accro (la saga Downton Abbey) ou au ton jouissif (Sex Education, The Boys).
« Antidotes musicaux »
- Les chansons des films de Walt Disney de mon enfance : Everybody wants to be a cat, parce qu’un chat quand il est cat, retombe sur ses pattes ; t’as la rondeur d’un poisson rouge, ne t’en fais pas, elle te croquera mon petit chou… À un Noël, j’avais mis un CD de Disney dans ma wishlist et ma grand-mère m’a raconté avoir demandé conseil à un vendeur de la FNAC sur la meilleure compilation : “C’est pour un enfant de quel âge ?” avait-il demandé. Une adulte de 25-30 ans. De fait, le vendeur a bien fait son boulot, parce que c’étaient les chansons de mon enfance et pas tirées d’Hercule ou Mulan.
- La Radetzky-Marsch remasterisée pour la publicité de Maisons du monde.
- Le premier album de Mika
- La chanson “Sweet dreams are made of this”
- À peu près toutes les chansons d’Alice et moi, avec un kink particulier pour “C’est toi qu’elle préfère” et “J’veux sortir avec un rappeur”
- Patricia Petibon dans deux registres très différents : “Colchique dans les prés” pour céder à la mélancolie (c’est une berceuse de ma petite enfance) et “Allons-y, chochotte” pour y couper court radicalement.
« Ce qui fait rire »
- L’humour anglais.
- Le Concert, de Jerome Robbins : clairement un petit bijou d’humour, même en vidéo.
- Le Grand pas de deux (parodique) de Christian Spuck.
- La danse des sabots dans La Fille mal gardée.
- Ma mère qui vous mime des pépites de Culture pub.
- Le meme “I’m not a cat”. Tout est parfait : la contradiction digne d’un Magritte, la détresse faite chaton, l’interdiction d’enregistrer, la politesse flegmatique de l’interlocuteur… I mean : « I believe you have a filter turned on, you might want to turn if off. »
« Activités anti-spleen »
- Danser
- Faire une séance de yoga with Adriene
- Se laisser fasciner par des vidéos de danse, notamment des examens de l’école Vaganova (même s’il y a un risque de redescente ensuite, la fascination absorbe).
- Marcher plus de 30 minutes dans un parc. En toute subjectivité, je vous recommanderais le parc Barbieux, mais d’autres peuvent faire l’affaire, voire, soyons fous, de véritables forêts.
- Bitch-watcher une émission kitsch (type Miss France, Eurovision…) à plusieurs via WhatsApp ou Twitter.
« À manger, à boire »
- Des cacio e pepe et, plus largement, presque tout plat à base de fromage fondu et/ou de pâtes (qui aideraient à produire de la sérotonine).
- Du chocolat noir, 70 % minimum s’il n’est pas avec des amandes, du praliné ou sous forme de brownie.
- Le curry japonais VG du boyfriend.
Je serais curieuse de savoir quels sont vos remèdes à la mélancolie, et si vous avez testé et apprécié certains de ceux qui précédent.
Merci merci de ce récap anti-spleen. Je suis heureuse de retrouver les comédies romantiques (vues et revues, ce qui me ferait presque honte, mais que ce soit partagé, ça soulage !), et les nourritures régressives (ah les gratins de macaronis et les coquillettes au jambon). Je rajouterai : Pretty Woman, Erin Brockovich (pour en rester à Julia Roberts), les marshmallows et les carambar, les Peanuts, Calvin & Hobbs… et tellement d’autres sûrement. Dans le fond, vive la mélancolie pour pouvoir la « soigner ».
Quelle jolie conclusion !
J’ai comme une soudaine envie d’un gratin de macaronis, cela fait des années que je n’en ai pas mangé ! (J’ai plutôt tendance à me faire plutôt les nouilles au sésame et beurre de cacahuètes d’OwiOwi — »sesame noodles », prêtes en 5 minutes).
Clairement, Julia Roberts pourrait figurer nommément comme remède à la mélancolie, et il faudrait dresser une liste détaillée de toutes les bonnes comédies romantiques. Pour faire changer la honte de camp, je suggère « L’éloge des fins heureuses », de Coline Pierré — une lecture également stimulante et réconfortante.