Métaphore éphilochée

J’ai tout de suite vu qu’on voulait nous embobiner. Mais comme il n’était pas question de se débiner, j’ai attrapé le premier fil directeur que j’ai trouvé. Avec, j’ai brodé quelques arguments et j’ai cousu mes transitions de fil blanc. J’ai tiré tout le fil ; puis je suis arrivée au bout du rouleau.

C’est seulement après qu’on m’a dévoilé ce qui m’avait préoccupée : dans la guerre est-elle la préoccupation du droit politique ? il fallait voir que la pré-occupation est ce qui occupe avant. Je savais que je filais un mauvais coton. Là, on arrache le point d’interrogation et on en fait le crochet du capitaine crochet pour crocheter une écharpe qui servira à s’étrangler à la remise des copies un crochet par un agréable déjeuner avec une camarade khâgneuse. Parce que dans vacances, il y a du vide, alors il faut commencer à le faire aussi vite que possible. Dans sa tête à défaut du bureau où les feuilles et les promesses de devoirs s’entassent. Mais le devoir est secondaire en vacances, il découle du droit, et non plus le droit de dormir découle du devoir bâclé ou accompli. Bazardez-moi toutes ces antiquités. Ce sera peut-être un moindre mal : après tout, le devoir est parfois plus agréable de ce qu’il n’est pas (encore) une contrainte. On en reparlera certes la veille de la rentrée. Pour le moment, VALE !

Des lapins, Descartes, des rythmes ternaires bancals

Cinq heures de philosophie dont une extra, comme ça, pour le plaisir d’avoir parcouru la sixième méditation de la journée : l’esprit dans un état second – mais d’abord, l’entendement ou la raison ? et la volonté dans tout ça ? – non, pas Dieu, on lui a réglé son compte dans la troisième méditation (le chiffre de la sainte trinité) et depuis, il nous est bien utile en tout. En fait, Dieu en philo, c’est le mot fourre-tout dans lequel on range tout ce que nous ne pouvons pas comprendre même si on peut à la vérité le saisir par la pensée. La faille à tout système parfait, que l’on colmate et recouvre du tableau de la toute-puissance de son propriétaire. Au final, la faille a disparu sous l’aveuglement de tant de perfection, c’est magique. Tout comme l’imperturbable et tranquille résistance de notre professeur de philosophie, à côté de qui le lapin Duracell ferait pâle figure.

Dans une classe où, en lapins de piètre qualité (parce que sans marque sauf celle que Dieu a laissé sur son ouvrage), nous gisons batterie à plat (d’où que les batteries tiendraient neuf heures maintenant ?) sur nos feuilles et nos incompréhensions, il continue sa course, en gambadant gaiement entre les difficultés de la pensée de Descartes, folâtre gaiement dans les buissons de définitions, franchit les ponts entre les différentes méditations puis s’abreuve avec délectation (grâce soit rendue à l’institution de la nature qui me signale la soif par un desséchement du gosier) à la fontaine de mots. Je ne peux pas dire que je ne boirai jamais de son eau : le lapin qui n’a rien d’un lièvre est en fait une tortue refoulée (l’allure, le cou –pas le débit de paroles, malheureusement pour nos poignets crispés). Imaginez le scandale, que le lapin Duracell soit une tortue refoulée… il ne manquerait plus qu’Orphée module ses chants sur la creuse écaille de sa lyre, et on aurait tout vu. Heureusement, on a morflé MOrphée.