L’introduction décalée-échevelée énonce l’impossibilité de faire rentrer un élément rond (la vie, les cycles, l’organique) dans un carré (les règles, l’organisation, le boulot-boîte) : aussitôt j’entends Arielle Domsbales tenter de méditer sur sa baignoire. Un cercle est un carré ; un carré est un cercle – iooooooonnnn. Peut-être ne m’étais-pas pas autant marrée devant une comédie française depuis Un Indien dans la ville, tiens.
Dans Le Grand Bain, Gilles Lellouche rassemble une Pléiade brochette de bons acteurs, qui jouent des laissés pour compte pas méchants mais… bien gentils, quoi. Le film débite à toute vitesse les aventures de ces gars particulièrement lents à la comprenette : la concaténation des rythmes entraîne, implacable, le rire. Je m’y laisse d’autant plus facilement aller que la bêtise est jouée, par des lettrés ; dans la vie, elle aurait plutôt tendance à me terrifier. Puis c’est bien fait, c’est humain : le rire qu’on établit d’abord comme un cordon sanitaire entre eux et nous devient peu à peu contagieux ; on commence par rire de pour finir par rire et sourire avec, pris de sympathie pour des personnages qu’on avait d’abord pris de haut. Merci les gars – et Virginie Effira, que j’adore à chaque dois davantage, ici impayable en entraîneuse de natation synchronisée qui lit du Rilke à son équipe de bras cassés pendant les entraînements.