Le cul entre deux océans

Aussi pressé et tiré par les cheveux soit-il, le mélo fonctionne toujours sur moi, pourvu qu’il dévaste de beaux visages dans des paysages à la dimension de la tragédie (fut-elle intime). Une vie entre deux océans (océan de culpabilité, océan d’amour) remplit le cahier de charges en échouant une embarcation sur une île quasi-déserte, à l’exception de Michael Fassbender et Alicia Vikander, gardiens du phare.

Un mauvais choix, suivi d’un autre mauvais choix allant à l’encontre du premier, et le visage lumineux d’Alicia Vikander (auquel j’associe la vitalité de Mathilde Froustey, à qui elle me fait toujours autant penser) se referme tandis que celui de Michael Fassbender joue la polysémie : le mutisme de l’homme qui rend son entourage serein en s’occupant de tout en vient à cacher-révéler la culpabilité qui le ronge depuis bien avant les faits, son passé de soldat comme péché originel. Cet homme a ce truc qu’ont peu d’acteurs : une profondeur épidermique, la capacité de tout suggérer par une chorégraphie d’infimes mouvements.

Pour l’épanouissement lacrymal et soupirant du spectateur, le duo est complété par Rachel Weisz, magnifique en mère éplorée. J’ai écrasé ma petite larme et j’ai même trouvé plus joli que cliché ce mantra de résilience : on ne pardonne qu’une fois, quand tenir rancune est un travail de ressassement, de tous les instants. Amen et bon vent.

3 réflexions sur « Le cul entre deux océans »

  1. Coucou Miss,

    Je continue de te lire avec assiduité même si je n’écris plus nulle part !

    Je venais réviser ta chroniquette car je songe aller voir ce film ce soir, et je me retrouve frappee de la justesse de ton expression ‘profondeur épidermique ‘: oh oui que c’est approprié dans le cas dd M.Fassbender..

    Du cou je me surprends à me demander queks autres acteurs ont cette qualité, et il ne m’en vient péniblement que deux : Sean Penn (dans I am Sam où ka Ligne rouge) ou Paul Dano (qui tire de l’ornière Guerre eg Paix à lui tout seul

  2. Oh, je pensais que tu avais déserté les lieux en même temps que les onomatopées musicales ! Tes ploum me manquent un peu, quand même (je racontais l’autre jour à @ChrisRadena ton système de reconnaissance du cor comme désir irrépressible de se promener tard au fond d’un bois…).

    J’avoue ne pas avoir vu La Ligne rouge ni Guerre et paix. En cherchant d’autres acteurs qui partagent cette qualité, c’est une actrice qui me vient d’abord à l’esprit : Mia Wasikowska (

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