Yao

D’un côté, nous avons un acteur à succès français qui mène grand train ; de l’autre, un gamin qui traverse seul le Sénégal pour se faire dédicacer l’exemplaire de son autobiographie. En décidant de le raccompagner chez lui, l’acteur débute un road movie émaillé d’incidents trop improbables pour ne pas sentir le vécu. Il ne s’agit pas tant d’un retour aux racines, depuis longtemps déracinées (il n’avait jusque-là jamais mis les pieds sur la « terre de ses ancêtres », et le scénario contourne avec justesse le village du grand-père, aperçu depuis la rive d’en face, et laissé pour un prochain voyage avec son propre fils), que de renouer avec une forme d’attention aux autres.

Pour le gamin, l’acteur est un « bounty » : noir de peau mais blanc à l’intérieur, élevé dans la culture occidentale. Ce positionnement permet de souligner tout ce qui, en Afrique, peut étonner un Européen, en évitant les relents de néocolonialisme et de racisme qui auraient pu se faire sentir avec un personnage blanc. De cette manière, le rire ne tourne jamais à la moquerie ; il s’épanouit au contraire en sourire.

La diction sonne parfois faux (l’échange avec la mère, avant le départ, est du niveau de Plus belle la vie : des répliques récitées), mais le jeu d’acteur rattrape le coup, et le film baigne tout entier dans le regard du jeune Lionel Louis Basse et le sourire d’Omar Sy, où l’incrédulité demeure tandis que l’ironie reflue pour laisser place à une forme de bienveillance et de joie partagée.

Mit Palpatine

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