Zola chez les rednecks

I, Tonya manquait de rythme pour un film du vendredi soir. Pendant deux heures, sur lesquels on aurait sans problème pu raboter trente minutes, on s’enlise (fort intelligemment) dans la bêtise crasse des rednecks. Par son talent de patineuse et son acharnement, Tonya Harding sort du lot, mais ce ne sera pas suffisant pour s’en sortir : on la voit se faire péniblement rattraper par la violence de son milieu, où l’ignorance supplée la méchanceté, jusqu’à la ruine de la carrière – l’American Dream fauché par le réveil.
À sa mère, qui se targue d’avoir fait d’elle une championne, Tonya répond : you cursed me. Et c’est exactement ce qu’elle incarne, dans sa gestuelle comme dans son histoire : le contraire de la grâce. On finit par avoir envie de faire comme le jury, et détourner les yeux, à défaut de pouvoir les fermer.

(Mention spéciale à Mckenna Grace, l’incroyable gamine de Gifted que l’on retrouve brièvement comme Tonya, et aux mouvements de la caméra dans les scènes de patinage, qui transcrivent la force et la vitesse de la patineuse, loin de l’enregistrement littéral des compétitions telles qu’elles sont retransmises à la télévision.)

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