Fidèle à Louis même

Depuis Le Redoutable, Louis Garrel semble s’être découvert une fibre comique, qu’il exploite maintenant comme acteur-réalisateur de L’Homme fidèle. Entendons-nous : la photographie est toujours très Nouvelle Vague ; lorsqu’on voit Laetitia Casta en pull blanc à col roulé et lui-même attablé à la table d’une brasserie parisienne, on dirait que le smartphone, éteint et aligné avec les couverts comme s’il en était un, a été incrusté dans une séquence de Rohmer. La dynamique des scènes, en revanche, est tout autre. Elles s’enchaînent avec une précision qui se ferait passer pour de l’étourderie – un rythme qui fait écho à la désinvolture propre à Louis Garrel, ici au service d’un personnage de bonne composition se faisant balader par la gente féminine (et sa progéniture).

De ses deux amants, Marianne a préféré Paul à Abel (Louis, donc) pour élever son fils ; mais voilà que Paul meurt : l’histoire peut reprendre. Pour faire bonne mesure triangulaire, on ajoute Ève, la petite sœur de Paul, qui crush sur Abel depuis des années, et que lui ne calcule pas – enfin pas comme ça. Pour éviter de se le faire piquer, Marianne le jette dans la gueule du loup, qui, complètement cristallisée, vole en éclat : Ève pensait à Abel lorsqu’elle faisait l’amour avec d’autres hommes ; mais maintenant qu’elle est avec lui, à qui penser ? Et Abel de ne penser qu’à celle qui, une fois de plus, s’est dérobée, mais cette fois-ci pour mieux se faire rattraper. Même sans trop apprécier Laetitia Casta et Lily-Rose Depp, c’est léger et (im)pertinent ; ça coule comme de l’eau, et on sourit à l’absurde qui, de l’amertume de la vie, fait sourire sucré, avec panache : un panaché, garçon !

Mit Palpatine

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