Nos batailles, de Guillauem Senez : du jour au lendemain, une femme quitte son foyer sans prévenir, et le père se trouve à jongler avec ses deux enfants et son boulot de chef d’équipe en usine ; c’est la merde. Passent les jours, les proches, les larmes, les dîners de céréales, les licenciements et : c’est toujours la merde. On a seulement appris à la dire pour mieux la mettre à distance et la supporter, s’ouvrant les bras les uns aux autres au lieu de se replier sur soi.
C’est étrange, un mélodrame sans catharsis ; un peu désagréable au bout d’un moment, comme Romain Duris et son personnage, qui étouffe sa situation familiale en défendant celle des collègues, et accable de reconnaissance sa soeur, promue bouée de sauvetage. Tout ce désarroi, toute cette colère rentrée est un peu longue à supporter sans crise de larmes ni désespoir (car il n’y a rien de sûr, de définitif – contrairement à un certain collègue, pas de malheur d’envergure où se noyer, seulement la merde où patauger), malgré la collègue toujours vaillante avec son sourire à retroussette (Laure Calamy) et la grand-mère, qui elle aussi a pensé à se barrer mais ne l’a pas fait.
C’est étrange, un mélodrame sans catharsis ; mais peut-être est-ce pour cela que j’ai été plus marquée que je ne l’aurais pensé par quelques justes dialogues d’amertume et de torts emmêlés, et touchée par le sort des gamins auxquels, parce qu’ils n’ont rien demandé, on a tardé à répondre.