Henri, acteur en galère qui rêve de jouer dans des blockbusters, se fait pistonner par sa meilleure pote Pauline pour tourner avec Cédric Rovère – transposition d’Eric Rohmer aussi limpide et artificielle que l’adaptation de L’Astrée dudit réalisateur, où bergers et bergères en toge y récitent des dialogues riches en diérèses. Henri pénètre cet univers de fous (selon les mots de son coloc’, venu faire de la figuration) avec pour principale motivation Gloria, parfaite intellectuelle qui adooooore Cédric Rovere et sur laquelle Pauline a également des vues.
Toute la réussite de Maestro consiste à nous faire suivre la découverte de cet univers par Henri en adoptant le ton… de Pauline. A mi-chemin entre Henri et Gloria, plus cultivée que le premier et moins coincée que la seconde, Pauline incarne la juste distance face au maître : avec Gloria, héroïne rohmérienne, le film aurait été un pastiche ; avec Henri, qui n’y entend goutte, une parodie. Grâce à Pauline, personnage secondaire et néanmoins central, le comique de répétition qui naît si spontanément de l’expression ahurie et des bredouillements d’Henri ne vire jamais à la farce. On rit de l’impertinence respectueuse de Léa Fazer, qui éloigne la moquerie facile comme l’hommage révérencieux, et on sourit de voir éclore une sensibilité à la beauté, difficile d’accès mais émouvante, d’un monde de mots et de délicatesse.
Mit Palpatine