Métro
Place d’Italie. Un peu trop en avance, je me suis débrouillée pour rater de justesse le métro, et j’attends sur le quai. J’ai la lenteur d’une après-midi passée dans des pages, des phrases, des mots, au sortir de laquelle le froid suspend vos réflexions en l’état, et le décor quotidien vous surprend par la netteté de ses formes, pleines, insignifiantes. Pas même étourdi, vous promenez votre regard, la laisse lâche (vous pourriez le perdre des yeux dans votre état flottant, mais il faut tout de même lui octroyer un certain rayon d’errance pour ses besoins). C’est ainsi que je suis tombée sur une petite pastille (étonnant comme tout se lit) informant qui voulait la lire que les stations (faites-en une sur le blog linké) avaient été aménagées par Paul Andreu, et m’apprenant par là-même que j’avais déjà évolué sans le savoir dans l’univers du décorateur de Répliques avant de voir la pièce de Nicolas Paul. Coïncidence poétique. On pourra dorénavant s’autoriser la métaphore de « ballet des voyageurs ».
Boulot
« Coïncidence poétique », c’est Kundera. J’ai troqué l’Insoutenable légèreté de l’être contre une part de flan pour moi et de tarte aux fruits rouges pour Palpatine, petit paquet que je n’ai pas eu le cœur (ou l’estomac) de laisser se faire écraser dans mon sac. Cela tient tout aussi bien en main. Même promesse de régal. Main gauche dans la poche, bras droit collé le long du corps et avant-bras relevé à l’horizontale pour soutenir la petite pyramide posée bien à plat sur ma paume : je me rends soudain compte que cette attitude dictée par le froid et la faim est celle des mendiants. Je bénis le léger poids qui commençait à entraîner une légère crispation du biceps, il cesse d’être pesant – c’est l’espoir de l’aumône, qui est ins-supportable. Pas plus généreuse d’être plus riche d’avoir trouvé un nouvel écho de la thématique existentielle de Kundera, je monte dans le métro. Jusqu’à Bercy et correspondance baudelairienne pour Cour Saint-Emilion. Étonnant comme tout se lie. In the air.
On touche au (troisième) terme. Il faudrait ajouter que « dans la poésie amoureuse de tous les siècles, la femme désire recevoir le fardeau du corps mâle » pour rester à l’ouest . Mimi nous l’a assez seriné, la ville de Milan est à l’ouest de Vienne – un K, je sais, étonnant comme tout. Ce lit que je ne saurais voir sans plaisir me rappelle qu’il est un temps pour les divagations. Rappel à l’ordre ? Rêve toujours.
Need I say I love it?
C’est concis, c’est précis, c’est poétique, ça va droit au but, ça touche juste et c’est mimi comme tout.
Exquise esquisse… (merci G.)
Décidément ça me fait toujours du bien de vous lire. Merci.
« coïncidence poétique » ça m’évoque quelque chose dont je préfère vous parler en privé, si vous le voulez bien. Auquel cas, auriez-vous la gentillesse de me contacter par mail ?
Buona notte…
Je souris d’aise.