On repère facilement ce qui fait un mauvais film, mais un film médiocre, à quoi ça tient ? Je me le suis demandé confusément pendant Mortal Engines, choisi un peu par défaut pour tester un cinéma vietnamien délirant où l’on est installé… sur un lit ! Le plaisir de se calfeutrer en public mais pas trop dans les coussins, abrité par une énorme tête de lit, et de siroter un thé posé sur une petite tablette à côté, l’a emporté sur le questionnement et s’est confondu avec le plaisir du film qui se gâche sans arrière-pensée, le frisson à pas cher et le spectateur content, pas exigeant.
C’est marrant, après tout, une ville sur un char d’assaut, qui essaye de phagocyter les cités étrangères, et l’héroïne poursuivie par la créature sans coeur mais-quand-même-avec-un-peu qui l’a élevée et veut à présent sa perte car elle s’est soustraite à sa promesse, de mourir pour ressusciter à son image, sans sentiments, sans tourments, sans le souvenir de son père tuant sa mère. C’est dingue tout de même, le nombre de films qui veulent nous persuader de la valeur des sentiments, de leur beauté censée racheter notre mortalité. On dirait qu’on en a sacrément besoin.
Avec tout ça, ce n’est qu’après la séance qu’une hypothèse de réponse a germée. Le film médiocre, c’est celui où, quand l’héroïne apparaît, tu te dis : voilà l’héroïne belle et rebelle ; quand le gentil boulet beau gosse arrive : voilà l’archétype du mec dont elle va tomber amoureuse. L’universalité devance la particularité censée la véhiculer.