Le manuel du parfait chasseur de petits rats – vol. 2

Ou comment l’approcher

       Le moyen le plus sur de l’observer est sur scène, là où il est apprivoisé. Le phénomène est alors magique, se garder de toute analyse et de tout esprit critique.

 

Dans la rue
        Le repérer est très difficile, hormis le cas exceptionnel de l’opéra. Les autres peuvent cependant être soupçonnés lorsqu’ils sortent d’un cours, à leur démarche sénile qui cherche à éviter de bouger leurs articulations douloureuses. L’affalement est ensuite notoire dans les moyens de transport. Vous pouvez en apercevoir un dans l’attente d’un feu vert pour piétons, s’il balance sa jambe en attitude à la seconde (en remontant le genou vers l’épaule) ou s’il se balance sur le côté, mains sur les hanches avec une jambe décollée du sol : il se fait craquer la hanche. Moment ô combien délectable. Passons. Il peut également faire le héron, ce qui se traduit ici par l’étirement de la cuisse.
Si vous avez beaucoup de chance, le petit rat se trouvera sur le chemin de son cours et sera donc muni d’un chignon. Il sera alors très facilement reconnaissable (surtout s’il court, le petite rat est souvent un peu juste).

 

Aux abords d’une audition
         Cet endroit constitue un terrain de repérage rêvé pour tout amateur de rat. On y trouve la raideur manche à balai due au stress et surtout la fameuse marche des canards. Eh oui ! De même que les paons font la roue, le rat laisse cette curieuse esbroufe au gymnaste et parade ridiculement en-dehors (du propos) pour impressionner ses petits concurrents. Mais le rat n’est pas toujours aussi impitoyable qu’on le dit. Il sait être solidaire et se sauver de concert lorsque le navire prend l’eau ; c’est-à-dire quand il échoue plus ou moins lamentablement, ce qui ne manque pas d’arriver en raison du nombre restreint de places disponibles – quand des rats rapaces ne les ont pas déjà accaparées par audition privée, hem. Sales bestioles.
          Avant l’audition, en bus ou à l’hôtel, le petit rat donne des petits coups de tête pour repérer ses congénères. Il fera alors montre de petits yeux inquiets. S’il s’agit d’un pestiféré il aura l’air d’une fouine. (Le rat ne montre pas souvent les dents, mais il n’est pas non plus tendre).
          Après l’audition, il est très probable de le voir pleurer à chaudes larmes de crocodile, escorté par ses géniteurs ou plus sûrement sa mère poule. A votre avis, pourquoi le haut du théâtre s’appelle-t-il un poulailler, hein ?

 

En stage
          Du concentré de rats à observer. Dès l’extérieur, il se repère grâce à son gros sac. Comme l’escargot, le rat trimballe son capharnaüm avec lui. Dans une énumération à la Prévert : tickets de bus, horaires de cours de l’année dernière, paquets de mouchoirs ; des tuniques à gogo parce qu’on ne sait jamais laquelle choisir mais surtout parce qu’il est impératif d’en changer souvent (et d’essorer la précédente- j’exagère à peine) ; des demis pointes trouées dans lesquelles on se sent comme dans des chaussons (pas étonnant, c’en sont) ; une paire de pointe en cours qui a connu quatre cours et dans un temps égal sera dans un état de décomposition avancé, une encore toute bonne à finir mais qui en réalité en est déjà au stade avancé de décomposition (stade beurre mou par canicule) et des toutes nouvelles qu’il va falloir briser ( et fait de quoi ce sont plutôt les pieds qui sont brisés au premier essayage).  A quoi s’ajoute une serviette pour les gouttes qui roulent dans le dos comme des petites perles de rocaille, ou au coin de l’œil –hum… ; du dédorant ; de la laque les jours de grandes occasions, des filets, des pinces qui disparaissent mystérieusement de leur boîtes et dont on retrouve quelques survivants en farfouillant au fin fonds du sac (alors que l’on est pressé, il va sans dire) non sans se piquer à l’aiguille qui dépasse du nécessaire à couture -en cas d’extrême urgence ; un peu de maquillage beaucoup pour certaines ; téléphone ; bouteille d’eau ; pansements ; argent ; brosse à cheveux… Le tout sans dessus dessous.
          Avec sa maison, le rat va donc au stage. Une aubaine pour le chasseur puisque le terrier est parfois prêt à excepter les visiteurs et  épater la galerie. Les cours sont bondés, ça bat, frappe, brosse, fouette, saute et tourne de toutes parts. Le rat fait ici la rencontre de ses pairs. Il en connaît toujours plus ou moins quelques-uns et chuchote sur les autres. Tout se sait. Il n’y a que la désignation qui ne soit pas toujours facile : « Tu vois, elle, là-bas, avec le chignon (vachement identifiant), celle qui se place, là, mais siiiii, celle avec la tunique, le short et le collant noir, non pas la brune, la blonde, là, oui elle… bah elle rentre en deuxième division ». Suit généralement un petit juron d’admiration, un soupir de langueur –« mais pourquoi je ne suis pas comme ça ??? »- et un « hm » conclusif.

En stage, le rat enchaîne les cours et rentre totalement exténué. Là, il est facile à attraper… mais il n’a alors plus rien de tout ce qui fait sa légende.

Ce n’était pas la peine d’en faire une Histoire

 

    Face à l’Histoire et sa grande hache…

     … l’Elève et son grand euh…

   Voilà les âneries que m’ont inspirées les révisions d’une centaine de pages d’histoire sur notre détestée douce France. Ceci dit, les rédacteurs du manuel n’étaient pas mal dans leur genre. Morceaux choisis :

Dans le chapitre « Economie, société et culture en France de 1945 à nos jours », la leçon « De 40 à 60 millions de consommateurs » nous apprend (louable effort) qu' »en 1968, la télévision s’offre aux spots commerciaux ; quatre ans plus tard, la « mère Denis » devient une star du petit écran en assurant la promotion des machines à laver Vedette. » Otez-moi d’un doute : on ne parlera tout de même pas de Loft Story et Star Academy dans les prochains manuels ? Et s’il faut faire un choix de pubs, je vais vous faire une sélection, vous allez voir…

Dans « La France dans le monde de 1945 à nos jours », le « rayonnement culturel » de l’hexagone nous éblouit : « En défendant le français, la seule langue universelle avec l’anglais (puis-je rappeler que l’univers ne se réduit pas à un bout d’Europe, d’Afrique et au Canada ?), et au-delà la diversité culturelle, la France apparaît à beaucoup (il ne faut jamais prendre son cas pour une généralité, messieurs) comme une alternative à l’hégémonie des Etats-Unis. La francophonie est donc un enjeu important en ce début du XXIème siècle. (no comment) » Et la marmotte…

        Et après cela, on nous fait un cours sur la mémoire et l’histoire : les « troubles de la mémoire collective » ne sont pas uniquement réservés aux ancêtres ! A ce niveau-là, ce n’est plus du souvenir, mais de la complaisance nostalgique dans un passé disparu.

        Trèfle trêve de plaisanteries… nous avons cette année un programme intéressant et qui se tient, alors n’allez pas voir la critique acerbe derrière la raillerie (rayerie ?) innocente. Ne vous plaignez donc pas du programme surchargé ; allez plutôt lire les perles de notre professeur chez Marion, elles en valent le détour. Un extrait qui devrait vous pousser à la lecture – puisque l’interdiction suscite généralment la curiosité : « Mes conneries, vous les pensez, vous les dites, mais vous ne les écrivez pas. » Il aurait pourtant été dommage de s’en priver.

Brèves de souris

Resumé-je bien la situation en vous donnant mes derniers pseudos msn ?

     Vive le Gaffiot !!!
     Bac danse réussiiiiiiiiiiiiiiiiiii
     Bac danse réussiiiiiiiiiiiiiiiiiii Comment ça faut que je me mette à bosser l’anglais ?
     La stakhanoviste du text commentary

Petit rajout (vous ne voulez pas le dénouement ?)
     Le mythe stakhanoviste débouloné : c’est l’histoire.