En cinquième, ma prof de français nous avait donné à lire un roman jeunesse, plus précisément un polar historique, où l’histoire s’ajoutait au roman comme l’immonde goût orange aux médicaments. Double meurtre à l’abbaye. C’était nul mais, pour ménager la susceptibilité de la prof qui avait choisi cette lecture et *nuancer mon argumentation*, j’avais écrit que c’était mal ficelé, mais qu’il y avait du coup la « vraie surprise du coupable » (manière polie de dire que l’auteur n’avait disséminé aucun indice qui put susciter des hypothèses chez le lecteur, et qu’il avait bâclé la fin en désignant l’assassin comme on trouve un bouc émissaire).
Eh bien, l’adaptation de La Douleur par Emmanuel Finkiel, c’est un peu pareil : on a une vraie surprise des retournements émotionnels, parce que rien n’y prépare que d’avoir tourné en rond. On a beau scruter le visage de Mélanie Thierry qui porte bien la fatigue et la tristesse, dans des cernes déterminées qui m’émeuvent en me rappelant mon amie P., l’actrice ne saurait compenser à elle seule la platitude de l’adaptation (ou du roman initial, allez savoir ; je ne l’ai pas lu). Le secours de Benjamin Biolay n’y suffit pas non plus. En entendant Grégoire Leprince-Ringuet pontifier la Résistance, j’ai cessé d’espérer ; depuis le film qu’il a réalisé, il constitue un assez bon baromètre de ce que je trouverai d’un ennui prétentieux. C’est d’autant plus dommage que tout n’est pas bon à jeter. On soupçonnerait même de belles choses. Bref, j’irai lire Duras.