Casse-Noisette, pas d’étoiles mais des flocons

        Nous avions décidé avec deux amies d’aller voir Casse-Noisette à l’Opéra. Il était moins une, c’était la dernière. Dans ma grande naïveté, je pensais que j’aurais des places de dernière minute (à visibilité réduite, vous savez, le truc où vous ressortez avec un torticolis, mais aucune importance, vous avez pu voir – à peu près) aussi facilement qu’à Garnier j’en avais eu pour la Dame aux Camélias. Mais les places debout à 5 € de Bastille ne sont pas à visibilité réduite. En soi, c’est plutôt une bonne chose. Seulement, cela se sait (pourquoi ne suis-je jamais au courant de rien ?). Donc lorsqu’on se pointe comme des fleurs une demi-heure avant l’ouverture des guichets, il y a déjà largement de quoi pourvoir les fameuses 62 places. Il faut dire que l’on cumulait : samedi soir de vacances et dernière (j’excepte la soirée du réveillon où les places sont exorbitantes et j’imagine complètes cinq minutes après l’ouverture des réservations) d’un des ballets les plus connus, les plus populaires et qui plaisent le plus aux enfants comme aux non-connaisseurs (rien que les costumes valent le déplacement), dernière également d’un ballet dont nombre de représentations ont été annulées à cause de grèves du personnel (oui, personnel est au singulier, même s’il y avait des techniciens au pluriel). Là, j’allais maudire ma naïveté, lorsque Melendili a aperçu dans la file d’attente une khâgneuse de notre classe. Qui, après l’échange de quelques courtoisies hurlées pour cause de séparation par escalier, a accepté de nous prendre des billets, chaque personne ayant le droit à deux places. La troisième copine qui devait nous rejoindre a accepté de rester sur Versailles, et ceci constitue le deuxième volet de nos aventures extraordinaire.
    [Ce n’est que partie remise, s’était-on dit. Nous irons demain voir Paquita au Palais Garnier. Mais avec notre sens aigu de l’organisation, nous avons réalisé quelque demi-heure avant le début de la représentation de matinée qu’il n’y avait pas de représentation ce soir-là. Et bien évidemment, c’était la dernière. D’où que nous nous sommes simplement vues à la maison. Mais mon sens de l’organisation désormais légendaire a cependant réussi à dénicher la cassette du ballet en question, dont je ne soupçonnais même pas l’existence.]

            Je reviens à Casse-Noisette. Figurez-vous que les places debout, dans des boxes au fond du parterre sont sans commune mesure avec les places à visibilité réduite de Garnier. Chose extraordinaire, vous voyez vraiment. Evidemment, être grande ne gâche rien, et les talons, s’ils aident à vous flinguer les reins, sont plutôt bienvenus pour voir par-dessus la tête du Russe qui fait le pied de grue devant vous. Toujours est-il que lorsque Noël commence sur scène, on est happé par le spectacle et que lorsque les lumières se rallument pour l’entracte, 50 minutes après le lever du rideau, Melendili me souffle « Déjà ? ». Je n’ai pas vu le temps passer non plus. 

Les flocons

            Finalement, être assez loin de la scène a aussi son charme. On cesse de se focaliser sur telle variation, de se pâmer devant la propreté du bas de jambe, de soupirer devant la hauteur des levers de jambe pour saisir la géniale chorégraphie du corps de ballet et les variations dans leur ensemble. Je ne sais pas si c’est le recul spatial ou temporel qui permet cela, toujours est-il que le ballet m’est apparu dans une plus grande lisibilité. L’habitude de la pantomime, de la musique et de la structure d’un ballet y aident sûrement. Quand vous êtes un môme de huit ans qui va à l’Opéra pour la première fois, l’ordre réglé du pas de deux, par exemple, vous échappe. Vous vous laissez emporter au gré des valses et des manèges – la tête vous tourne lors des fouettés. Puis, au fur et à mesure des représentations auxquelles vous assistez (et des cassettes que vous vous passez en boucle), le ballet cesse de faire un tout homogène : vous y distinguez les ensembles, les pas de trois,  les variations, et à l’intérieur, les pas, les reprises et finalement les thèmes qui caractérisent les personnages principaux. Arrive ensuite un moment critique où on se laisse hypnotiser par les chats 6 impeccablement battus, les développés seconde aux oreilles et les équilibres interminables. C’est la période de la danseuse amateur qui n’est pas assez connaisseur pour être amateur au sens noble du terme. Vous appréciez certes le spectacle, mais comme un juge, qui pour ébahi qu’il soit n’en oubliera pas moins ses maniaqueries du juge. Le ballet flirte avec la performance de cirque. Puis quand vous vous êtes quelque peu habitué à la surenchère de batterie, de levers de jambe et de coup de pieds démesurés, abreuvé d’exploits techniques sur U-Tube, vous pouvez alors devenir l’amateur qui aime simplement ce qu’il voit. Vous ne vous demandez plus ce que signifie tel geste de pantomime comme le novice, vous ne décortiquez plus (du moins plus systématiquement) la chorégraphie, mais au contraire, celle-ci fait sens. Des langoureux déhanchés de la danse arabe aux équilibres décalés de Clara tiraillée par ses visions cauchemardesques, tout est clair – brillant même.

            Et toujours en ressortant l’envie de danser, de travailler la variation de Clara après la valse des fleurs, celle avec les emboîtés retenus, presque retardés, comme si on avait remonté une horloge et qu’elle arrivait au bout de sa course, une fin de rêve qui s’étiole en douceur. Une étoile filante ; un vœu : après glisser comme une ombre dans le troisième acte de la Bayadère, je voudrais devenir un flocon. Des envies d’éphémère.

           

Faîtes de faim damnées

    Même si on n’en fait pas forcément un fromage, le réveillon, c’est tout un plat. Plusieurs plats pour être exact. Une multitude de petits même, qui se perdent dans les grands. Des amuse-gueules qui vont conduisent à faire la fine bouche par la suite. Les incontournables qu’à défaut de contourner on saute. La fausse grande cuisine sur laquelle il aurait fallu bûcher. Et comme si cela ne suffisait pas, la multiplication des repas. D’où expériences culinaires inattendues et stratégies défaillantes pour éviter un gavage attendu.

Le repas de Noël de la cantine : des mais mets gonflés aux OGM (Obstination à Gaver les Mots), sauce indigeste.

Le Repas de Noël de la cantine ne doit se louper sous aucun prétexte. C’est une expérience à part. Tout commence par la lecture du menu. Chapon aux marrons, soufflé de saumon, Saint-Jacques à la Bretonne, forêt-noire… plus c’est compliqué, plus cela doit susciter la méfiance. Méfiance sur la réalité que recouvrent ces choses : le chapon, c’est un poulet chapeauté d’un mot plus brillant, les Saint-Jacques sont des pétoncles, et la forêt-noire… non, la forêt-noire, c’est le gâteau à sur la cerise, c’est pour la fin (des haricots). Méfiance sur la comestibilité des mets ensuite, lorsque vient la découverte de ce que propose le self, outres les guirlandes enroulées autour des présentoirs (est-ce bien conforme aux normes d’hygiène tout ça ?). On abandonne les crevettes dans leur barquette de plastique (quand de vulgaires carottes râpées ont le droit à de la véritable vaisselle) pour tester les Saint-Jacques. Dessert : bûche glacée ? Coup d’œil entendu avec Melendili : on tente l’expérience de la forêt-noire. Hésitation sur le plat ; ce sera poulet, à cause des marrons. Et le traditionnel père Noël en chocolat.

Dès que les plateaux sont posés, nous procédons en bons scientifiques : on observe, on renifle, on tapote avec la fourchette, on teste la résistance avec le couteau, puis on goûte finalement une portion à la cuillère. Les pétoncles ne déçoivent que ceux qui leur ont préféré les crevettes peu fraîches. Le poulet est fidèle à lui-même, et les pommes dauphines (décadence, l’année dernière, c’étaient des pommes duchesses) relativement insipides sont rapidement neutralisées par les marrons – nous aussi : qui a dit qu’il n’y avait pas de dinde ? L’apothéose est dans le gâteau à la cerise chimique. Méfiance intense, qui nécessite toutes les précautions. L’exploration géologique commence. D’abords on teste les roches de surface : le petit tas blanc, là ? ah non, le couteau est formel, ce n’est pas de la meringue. Même matière que la crème blanche, genre chantilly fouettée avec de la crème fraîche avariée. [Avouez-le, je vous fais rêver.] La couche géologique de l’ère secondaire est une sorte de gâteau au chocolat (raisonnement par induction : la couche est marron) spongieux. A l’ère tertiaire, on redécouvre la crème, et au quaternaire, de nouveau du gâteau spongieux. Quand on relève le nez de son échantillon, on découvre avec délice que l’exploration des autres victimes du père Noël n’avance pas beaucoup plus. Ce qui nous a convaincu d’abandonner les festivités pour nous plonger dans les révisions de notre dernière épreuve de concours blanc.

 

Le vrai repas de réveillon : le bon jour, en famille, avec assez de restes pour nourrir son indigestion le reste de la semaine.

Les grands classiques : le foie gras, les huîtres, le saumon fumé ; et dans cet ordre, histoire ne pas gâcher le goût du foie gras. Que de toute façon, on ne sens plus vraiment, puisqu’on s’est empiffré tant de canapés pour éponger le champagne qu’on n’a déjà plus faim. La stratégie consiste alors à choisir UNE entrée et à résister bravement aux assauts de la maitresse de maison qui voit avec désespoir qu’elle va manger bon nombre de sandwich au saumon fumé dans les jours à venir, et que son mari s’est ouvert la main en vain en luttant opiniâtrement avec les huîtres.

Personne ne s’appesantit sur le plat, justement parce qu’il est pesant et généralement peu original (même si nous, on a eu du koulibiak, miaaaaam), mais c’est justement parce qu’il est peu original, donc traditionnel, qu’on n’y coupe pas. En  guise de consolation, vous vous contenterez d’écouter les blagues des adultes résignés qui disent garder de la place pour le faisan, n’avoir pas trop envie du poisson, et se demandent si le sanglier sera aussi bon que dans les années passées.

Idem pour le fromage, que vous pourriez à la rigueur manger seul. Mais le pain ne passera pas pour cause d’ingurgitation préalable de canapés, de toasts avec le foie gras, de pain de seigle avec les huîtres, de blinis avec le saumon fumé et de baguette avec le plat, lui-même enveloppé dans de la pâte feuilletée (principe de Noël : tout emballer, la nourriture, comme les cadeaux ou les éventuelles remarques traduisant votre déception face aux cadeaux en question, si, comme ma tante, vous n’êtes pas une grande actrice).

Enfin, la bûche, enfin pour être exact, tout gâteau en forme de bûche, la crème étant à proscrire en cette fin de faim. Cette forme comestible de la bûche est souvent comme son homologue de la cheminée : trop grosse et étouffante. Mieux vaut la prendre glacée, surtout si vous la mettez au réfrigérateur et qu’une pause dans la succession de la nourriture s’impose le temps qu’elle se ressaisisse au congélateur. Là-dessus, vous m’épargnerez les chocolats.

 

Le doublon : le repas avec l’autre partie de la famille et l’overdose par répétition

Celui-ci, vous n’y coupez pas, surtout si vous êtes dans une famille recomposée. Il est globalement du même gabarit que l’autre, et c’est justement là que réside le problème. Si la répétition n’est que réitération, vous procédez par élimination d’un ou plusieurs plat(s), si elle est une générale en costume… vous n’avez plus qu’à espérer que le costume ne se déchire pas avant la première. Pas forcément d’huîtres, mais inévitable comparaison du foie gras fait maison. La lourdeur du plat principal le dispute à celle du vrai réveillon ; si la réalité du repas se mesure à la consistance du plat, le vrai réveillon n’est que pâle figure face à sa copie. Sincèrement, quelle idée de tout mettre en croûte ? Le poisson en pâte feuilletée peut à la rigueur passer, mais avec le jambon en croûte, vous voyez tout de suite qu’il y a anguille sous roche. Et puisqu’on fait dans la légèreté, autant ne pas se priver et prendre une délicieuse bûche au chocolat – et pousser le comique jusqu’à s’en servir trois tranches. Puis une aiguillette à l’orange pour faire bonne mesure.

            Alors qu’au réveillon en titre, vous vous battiez pour avoir une petite part, non, plus petite encore, pas plus que ça, oui, là c’est mieux, plus petite encore si c’est possible, tout en tendant votre assiette avec un regard pitoyable d’agneau qu’on égorge ou de poisson frit (selon l’avancée du repas), lors de la réitération burlesque, vous tendez mécaniquement votre assiette, bien décidé à ne pas vous en laissez conter par ce luxe écœurant.

Fée d’hiver : un danseur écrasé par un molosse

 
Fée séchée - Brian Froud
 
Illustration : Les fées séchées, de Brian Froud * 
 

    Exceptionnellement, j’arrive en avance à la gare. Exceptionnellement, parce que plus vous êtes proches, plus vous courrez, ayant toujours l’impression que vous y serez en un saut de puce. En avance, donc, je vais faire un petit tour au Relais de la gare pour échapper aux effluves chimiques et alléchants des boulangeries pour voir les nouvelles parutions des journaux de danse. Cette espèce précise de magazines est particulièrement difficile à localiser, souvent à côté de la musique, mais pas toujours, toujours caché derrière d’autres revues, en revanche, de sorte qu’en deux millimètres de couverture, vous devez  deviner le D de Danser ou Danse ( noms d’une folle originalité, j’en conviens), à ne pas confondre avec le B de Ballet 2000 (qui me fait irrésistiblement penser à une vieille enseigne de produits surgelés Gel 2000 –vive Picard au passage- et qui paraît encore plus ridicule depuis que nous avons dépassé l’an 2000, un peu comme un film de science-fiction qui aurait mal vieilli).
    Je fouille donc du regard les étagères du relais à la recherche d’une trace de danse, puisque tel est mon dada (et mon sujet, ne l’oublions pas après une digression fort peu à propos – comme toute digression, me direz-vous, et vous aurez raison). Je recule de quelque pas pour avoir une vue d’ensemble de la mosaïque de titres. Encore un pas, puis je m’arrête, sentant une présence derrière moi. Une espèce de molosse trône immobile derrière mes mollets. S’il était en faïence, il ferait un presse-papier admirablement  proportionné au tas de journaux sur lesquels il siège. Mais il est bien en chair et en os (surtout en os dentaires, si vous voyez ce que je veux dire), et écartelé sous sa patte, le danseur en grande sissonne de la couverture de Ballet 2000 ressemble à un insecte écrasé. J’ai trouvé ce que je cherchais, mais comment dire… il est l’heure d’attraper mon train qui entre voie G comme Gérard (il faudrait d’ailleurs que la SNCF pense à une petite mise à jour – quoique déjà, on n’a pas voie C comme Françoise).

 * c’est à ça que m’a fait penser le danseur écrabouillé

Effeuillage

Personnages féminins préférés
La Bouvillon (this is a (private) joke)
Hermione
Catherine, dans Wuthering Heights
Antigone – ce doit être le petit côté adolescente rebelle que je n’ai jamais été
Anne dans la saga de Lucie Maud Montgomery
la Marquise de Merteuil

Personnages masculins préférés
Malaussène *boulet power*
Aurélien dans le roman éponyme d’Aragon
Heathcliff
Le Vicomte de  Valmont
Artemis Fowl Je veux lire le cinquième tome. Pourquoi diable WH. Smith l’a classé dans les lectures pour les 8-12 ans ? Je me suis sentie tellement idiote devant le rayon que je ne l’ai pas pris. Je récidiverai.

Personnages asexués
Dobby !
Malfoy, quand il fait « l’extraordinaire fouine bondissante »
Folly, le Centaure à l’humour grinçant dans Artemis Fowl

Personnages féminins détestés : le bal des chieuses
Le Princesse de Clèves
Emma

Personnages masculins détestés
Julien Sorel, au risque de m’attirer les foudres du Teckel
K.
Bardamu


Le plus bel ouvrage de ta bibliothèque ?
Ca veut dire quoi ça ? Celui avec les plus belles photos (un livre de danse, alors) ? Le mieux relié ? Ce serait alors sans conteste les deux tomes des Misérables que j’ai empruntés à mes grands-parents et oubliés de rendre. Un cuir souple et bien travaillé, un papier marbré pas vraiment assorti, mais une reliure qui au final tient bien en main et se lit avec plaisir.

Le plus volumineux ?
Le livre de Sylvie Guillem, qui fait au bas mot 4 kilos et à côté duquel les cartoons du New Yorker paraîssent avoir rétréci au feuilletage et les dictionnaires jouer dans la catégorie des poids plumes.

Le plus ancien ?
Sûrement celui de mes grands-parents. On est plutôt folio de poche, ma mère et moi.

Le plus petit ?
Un sur Van Gogh, plus petit qu’une allumette.

La bibliothèque brûle, les dix livres que tu sauves ?
Mes livres dédicacés par Daniel Pennac et les livres de danse épuisés que je ne retrouverai plus, comme celui sur Noureev.

L’ouvrage le plus énigmatique jamais lu ?
Peut-être les Chroniques de l’oiseau à ressort, de Haruki Murakami. Mais j’ai beaucoup aimé.
Non, véritable énigme, qui pourrait aussi aller dans la catégorie des malsains : Piège pour Cendrillon de Japrisot, dont on ne connaît qu’Un long dimanche de fiançailles à cause de son adaptation cinématographique. Pourtant, Piège pour cendrillon, qui n’a rien d’un conte de fée, le surpasse largement. La narratrice se réveille défigurée et amnésique après avoir réchappé de sa maison en flamme. Sa sœur est morte dans l’affaire. Mais voilà, l’incendie est criminel et c’est nécessairement l’une des deux sœurs. La narratrice ne sachant plus qui elle est  ne sait pas si elle est la victime réchappée ou la meurtrière de sa sœur – une construction vertigineuse, tout l’entourage mentant pour diverses raisons, impossible de faire jour, renversements successifs, mais in fine, tout est possible. L’énigme absolue : aussi horrible que brillant. Machiavélique !

Le plus malsain ?
 « There is no such thing as a moral or an immoral book, books are well-written or badly written, that is all » Wilde avait raison – ou alors il lisait trop de choses malsaines mal écrites.

Le plus bouleversant ?
Le joueur d’échec
de Stefan Zweig. Ca vous met dans un état proche de celui du héros : une folie fiévreuse.

La plus belle histoire d’amour jamais lue ?
Malgré une fréquentation assidue des Cœurs grenadine et des Toi+moi dans ma prime jeunesse, rien de s’impose à mon cœur de pierre. Ou alors une histoire d’amour imaginaire d’un jeune homme qui collectionne les autographes d’une vieille actrice, The autograph man, de Zadie Smith. Ou alors celle de Mathilde dans Un long dimanche de fiançailles. Ou plutôt Wuthering Heights.

Les livres les plus difficiles à obtenir ?
La poésie de Brautigan en anglais. Toujours pas trouvé. D’ailleurs, appel à témoin…

Le plus inattendu ?
Aurélien
 ? (M’a donné à nouveau envie de lire) Du côté de chez Swann ?
Ah non, j’ai trouvé ! Le Nuage en pantalon de Maïakovski. Pour qu’une traduction soit si enthousiasmante, avec des images décalées, c’est que le texte russe doit être extraordinaire. 

 Le livre que tu n’arrives pas à finir ?
Si c’est une question de temps, Peter Pan, mais sinon je finis toujours mes livres, question de principe. Après je les critique en toute liberté ^^

Le livre le plus lu ?
Harry Potter ou Antigone (si on exclut Entorse à la patinoire)

Le livre arrivé de manière imprévisible ?
La bibliographie des bouquins de philo à lire pendant les vacances. Plus que je n’ai jamais lu de livres de philo de toute ma vie. Pendant les vacances. Les vacances, c’est ma vie (et de ne pas bosser, c’est mon choix ; ah oui, la prépa aussi, merdum) [Le correcteur orthographique me propose « merdre » à la place de « merdum ». Jarry a poussé la blague jusque sous Word ! De par ma chandelle verte !]

Le livre que tu feuillettes le plus ?
Les dictionnaires – ou la Physique d’Aristote, mais ce n’est pas à mes heures perdues.

 Livres lus en cachette ?
Pas que je me souvienne.

Le plus amusant ?
Daniel Pennac !
et pour les enfants, puisqu’il en est ainsi : Artemis Fowl !

 Qui voudrais-tu voir répondre à ce questionnaire ? 
– Melendili, on peut toujours croire au Père Noël. En même temps, tu pourrais crier ton amour pour Darcy et vilipender la Princesse. 
– Le Vates, bien que son blog ne se prête pas vraiment aux questionnaires. Y’a des gens qui savent écrire, merdre. (mais pas l’inventeur de « merdre »)
– Kebina !
– Oxymore
– Aleks, comme cela tu pourras nous reparler de la Nouvelle Héloïse ^^
– Miss Me, pour voir si les scientifiques lisent – bah quoi, sors ton quatrième degré. J’ai hâte de voir des trucs du genre Physique nucléaire en dix tomes et un appendice. XD

 

 

Conditions concours*

    Pour vous mettre aux conditions concours, nous vous demandons de ne pas sortir pendant la première heure, de mettre vos sacs sous le tableau et de ne pas garder votre portable sur la table.

     Cette bonne intention affichée de notre CPE a du faire sourire le premier à être sorti au bout de quarante-cinq minutes. Peut-être même l’a-t-il textoté à quelqu’un d’autre comme ceux qui se sont communiqué le sujet de philo à rendre après les vacances, que l’on devait récupérer après remise de notre copie. Un prêté pour un rendu. Mais qu’importe, je continue à farfouiller dans mon sac pour y trouver quelque chose comestible et euphorisant – du chocolat à tous hasards. Les conversations écrites fusent, les échanges de soupirs désespérés face au sujet aussi,  les brouillons noirâtres sont émaillés de questions (de) bleues, souvent à caractère orthographique. Le trafic de gâteaux bat son plein et le concert des estomacs offre de beaux solos au mien. Pain d’épice, pomme, clémentine, chocolat et polystyrène comestible** : pas question d’être à cours de munitions en pleine guerre froide. Même après avoir fait une indigestion de dates de Noël fourrées au communisme  vague impression d’avoir avalé les révisions du bac d’histoire en une journée – vague sensation d’être persécutée, lorsqu’en allant à ma répétition de danse, un monument en rajoute une couche, en rappelant à ma mémoire défaillante que la guerre de Corée, c’est le millésime 1950-53. Indigestion historique. Le café littéraire était encore plus orgiaque. Jugez plutôt du menu concocté par la Bacchante : Mikados, langues de chat, amandines au chocolat et Ferrero Rocher. A déguster à la fin, après avoir nourri sa pensée de façon toute mécanique, en engouffrant gâteau après gâteau et tendant la main pour attraper une autre pensée, s’apercevoir brutalement que le paquet est vide. Dissertation en miettes. On recolle les morceaux comme on peut. Un tissu d’âneries, cousues au fil blanc des transitions rhétoriques. Un jour, je vous ferai une méta-dissertation pour vous prouver en toute mauvaise foi que mes transitions coulent de source et pas seulement d’encre. Trop long pour ma patience présente. A la place, je vous propose la réponse dont on ne fait qu’une bouchée. Hors-d’œuvre totalement hors de question mais qu’on s’amuse à formuler avant de développer nos idées et de rabougrir notre dos – par un mécanisme que je ne m’explique pas, il me semble que l’on voit mieux l’intérêt du sujet quand on a le nez collé dessus (peut-être est-ce aussi pour cela que j’ai du mal à prendre de la hauteur).
Hors-d’œuvre hors sujet, donc :

« Toute œuvre d’art est un mensonge. »
         Toi aussi, Stendhal.
        
Alors ma copie doit être une très belle œuvre.

 « Pourquoi l’idée de Dieu nous vient-elle à l’esprit ? »
         Parce que nous sommes à Versailles.
        
Parce que l’on me pose la question.
        
Pourquoi l’idée de « Pourquoi l’idée de Dieu nous vient-elle à l’esprit ? » ne me vient-elle pas l’esprit ?
Mon esprit embrumé n’a même pas pu implorer l’aide divine du clocher de l’église Saint-Louis, drapé de son brouillard mystérieux.

     « Messianisme et géopolitique dans les relations internationales de la Russie puis de l’URSS »
J’aime quand les profs rivalisent de superbe pour nous dégoter de beaux sujets. Un sujet vu de loin, c’est toujours beau. Et tout le monde sait que la beauté laisse sans voix. 

Conditions concours. *sous conditions
Libération conditionnelle sous peu de jours.

** Copyright Melendili – mais si je dois rendre compte de toutes les expressions que je lui pique, on n’est pas sortis de l’auberge.