Syndrome de Stockholm chez Disney

Emma Watson n’est jamais aussi piquante qu’en bookworm. Aussi est-ce un plaisir de la retrouver dans La Belle et la Bête. C’est même le principal intérêt du film, globalement un décalque du dessin animé, dont il conserve les numéros musicaux (parce qu’en plus, Emma Watson chante ; et oui, juste, bande de jaloux ; elle a même une voix fort agréable).

Seul ajout notable, un voyage dans le temps et l’espace jusqu’à Paris lors de la naissance de Belle, pour lever le soupçon d’une faute originelle : non, sa mère n’est pas morte en couches, comme on pourrait le croire, mais de la peste. Soit. Notre héroïne est prête pour une élection présidentielle, mais cette entreprise de blanchiment d’origine me dérange un peu, je dois l’avouer. Pour compenser, le casting comprend davantage d’acteurs et d’actrices noirs que dans le dessin animé (il en comprend, quoi). À la surprise d’en éprouver, on se dit qu’il était temps, effectivement (et pas d’effet Benetton – car absence de tout autre nuance ethnique ?).

La nature humaine est en tous cas mieux représentée que la nature tout court, totalement remodelée en images de synthèse : est-ce pour opérer une meilleure transition avec les scènes d’intérieur pleines d’effets spéciaux ou est-on devenu à ce point incapable d’apprécier ce qui n’est pas synthétisé ? Comme d’habitude, déception de voir la Bête, Lumière, Big Ben et compagnie perdre vie en reprenant corps… Il est décidément difficile de renoncer à la magie.

Planquée avec Pink Lady sous ma veste en polaire reconvertie en couverture contre la climatisation exagérée de l’UGC, j’ai en tous cas passé une excellente soirée pyjama en habits de ville.