Broyer de l’Afrique noire

       Cet article présente deux niveaux de lecture : la majeure partie s’adresse à tous les fous en mon genre et les [ ] délimitent des espaces temps de private joke spécial LS1. (Vous m’avez compris ?) [à moins que vous n’ayez fait le sacrifice de l’intellect].

        Aujourd’hui, c’était l’aboutissement d’une semaine de marathon, à se dire qu’on n’aura jamais le temps de finir, juste celui de s’endormir en cours pour s’être couché à 12h30, à exploser de rire nerveux au CDI, à énerver tout le monde en tressaillant nerveusement, à se dire qu’on est tous des cinglés et se plaire à le savoir. Reprenons [vous attendiez le that non ?] . La semaine marquée d’une pierre blanche, d’une pierre tombale pour l’Afrique, de cet objet de toutes les craintes, les plaintes, les peurs, les énervements, les critiques, les sourires et coin, les remarques acerbes et/ou (mais plus souvent et) stylistiques. Un carré géographique. Mais rectangulaire comme tout bon ? livre qui se respecte. 255 pages instructives, à suivre à la lettre… à la fiche même. Beaucoup de sang a coulé, ça dégoulinait de stabilo partout, les séquelles vont être longues à se résorber. Parce que j’adore le mise en abîme abyme et l’étude de l’étude, voici pour vous la petite satire d’Afriques noires !

        C’est fou le nombre de compétences qu’il faut avoir pour être géographe…

Etre géographe, c’est être… [oui je sais qu’après Pantagruel, vous en avez assez des listes… I don’t care the least] :

          géologue : « L’architecture du continent s’organise ainsi autour de môles précambriens aux surfaces d’aplanissement inégalement soulevées et déformées, et de cuvettes comblées par l’empilement de sédiments marins et continentaux. » Le premier qui trouve une définition convenable de « môle » dans le Larousse lève le doigt. Je sais, je sais, il faudrait que je fasse de l’œil à Robert pour qu’il accepte de venir vivre chez moi…

         physicien : « On ne parle plus aujourd’hui de sols « latéritiques », dont l’étymologie latine évoquait la brique, mais de sols « ferrallitiques », c’est-à-dire à forte concentration en fer et en alumine. » Personnellement, je n’en parle pas du tout… Tiens, mon ordi fait danser des petites vaguelettes rouges sous « ferrallitiques ».

         météorologue : « Les basses pressions qui règnent en général sur les régions proches de l’équateur ( l’équateur climatique africain se localise à quelque 5° au nord de l’équateur astronomique) favorisent les mécanismes thermodynamiques de formation des nuages dans des masses d’air chaudes, humides et instables. » Y’a pas que les nuages qui sont instables…

         puis présentateur météo : «  En juillet le gris est souvent de mise à Kinshasa, tadis q’un ciel bleu lumineux règne sur Lubumbashi et que de fortes pluies s’abattent sur Kisangani. »

         pétri de culture latine : cf ci-dessus. Quelques mots : « terrae incognitae » (là, on félicite l’accord pluriel) ; « pax colonica ». Il y a de si beau balancements à faire… du rythme binaire digne du non solum… sed etiam. (qu’est-ce que c’est que cet ordi inculte qui me fait de la vaguelette rouge sous du latin ? un peu de respect, diantre !) : « la question démographique ne peut pas être éludée, lorsque le choix se pose crûment entre le préservatif et la kalachnikov. » On ne crachera pas non plus sur quelques petits rythmes ternaires : « sertification, forestation, gradation » (les caractères gras ne sont même pas de moi!)

         botaniste (et toujours sataniste latiniste), écoutez comme cela sonne bien : « l’acacia albida » ; « Raphia vinifera » ; « Raphia textilis » ; « sapelli » ; « Rhizophoras et avicennias »

         communiste : Je ne retrouve plus le passage (la prochaine fois, je prendrais un surligneur spécial passage croustillants) ; en gros c’était  sur l’appropriation pas très orthodoxes des terres, là où Marx et Rousseau sont encore d’actualité. Sur les plantations agro-industrielles : « Partout règne un ordre sans sans fantaisie, une rationalité spatiale garante de productivité : mariage de la science et du capitalisme. » Appréciez le pointillisme des guillemets (je vais me recouvertir en écrivain de notes pour le Lagarde et Michard) : « L’intervention cubain en Angola aux côtés du pouvoir « marxiste » de Luanda ».

         capable d’écrire une sorte de morse croisé avec un langage binaire (encore!). Totalement compréhensible cependant : « agro-industriel » ; « zone soudano-sahélienne » (mon ordinateur n’est pas ouvert au voyage on dira
it) ; « les franges sahelo-sahariennes » ; « l’Orient arabo-musulman » ; « auto-construction » (mon ordi n’est pas débrouillard) ; « micro-commerce » ; « la crête Congo-Nil » (sans boîte de Quality streets ?) ; « Congo-Océan » ; « Afro-Américains » ; « Equato-guinéens » ; « septentrio-centrisme » [je vous jure, p.76]

         spécialiste des acronymes acrobatiques. Vous l’ignoriez, on nous l’assure.

UEMOA Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine

UDEAC   Union Douanière et Economique d’Afrique Centrale

SONACOS Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal

La CFDT s’est reconvertie en Compagnie Française pour le Développement des Textiles

IRCC que sans le savoir, vous adorez et encouragez de tous vos vœux : Institut de recherche du café et du cacao

         aventurier mais pas téméraire : «  Les franges du Sahara se signalent par des touffes épineuses de cram cram ; la pince à épiler fait partie du nécessaire des Touaregs : le soir, à l’étape, l’extraction des épines fichées dans les jambes et les pieds accompagne le moment de détente où coule le thé sucré. » Ca sent le vécu… et c’est mon passage préféré ! ^^

         bilingue : (Ici commence le domaine de l’italique). Well, you’ll have to be able to read such words [ Non, il n’y a pas planification] : townships, civics, squatters, Mother City, bush ( I am not talking politics), grassfields ( non, pas Garfied, ce n’est pas l’heure de la sieste), sustainability, frontier, native reserves, homelands, suburb  ; attention ça se complique : Communal Area Management Programme for Indigenous Resources. Puis ça devient vraiment du Chinois la tour de Babel quand on commence à plonger dans les dialectes : Kätäma, wax, nganda, niaye, chicouangue, attiéké…

         fin gourmet : je vous renvoie p.81 entre autres. Et amateur de bière : un paragraphe entier y est consacré, vous saurez tout sur les sigles cinglants de brasserie.

         Poète : malheureusement je ne retrouve plus la magnifique envolée lyrique sur le le mont mythique du Kilimandjaro. Ca me peine beaucoup.

 
     Toute plaisanterie mise à part, il n’était pas inintéressant de nous faire travailler sur l’Afrique noire parce que nos connaissances s’arrêtaient globalement au Sahara. Je ne fais pas le procès d’un livre, encore moins d’un auteur, juste d’une mise en fiche (qui a fini en surlignage) intensive. Et puis de ne pas avoir de manuel soi-disant objectif oblige à réfléchir un peu. Pas plus que de raison tout de même.

    Bon, j’ai découvert que l’on était tombé sur mon blog en tapant « Exercice sur la focalisation » : dois-je m’inquiéter ? (Celui ayant tapé « géographie » devrait s’admettre satisfait maintenant).

 
[La prochaine fois je vous parlerai peut-être du Caïé-textus…]

Week-end doesn’t equal work-end

… dead end, I’d rather say.

 

Je commence à préférer la semaine au week-end. On touche le fond [du problème].

 

Au moins en semaine, pas le temps de se poser de question.
Au moins en semaine, pas à se faire de remontrances à soi-même, il reste le week-end pour bosser.

Au plus le week-end, quelques instants pour échapper à la question.
Au plus le week-end, quelques descentes-conversations msn, il reste la semaine pour feignasser.

 

Théorie de la relativité

Au royaume des génies,

– en version d’allemand, traduction rime avec invention.
– en version d’anglais, on se réjouit d’obtenir un œuf 9 sur vin 20. Surtout quand la remise des copies consiste en un : « Bonne nouvelle, je n’ai pas mis de 0. »
– des petits navires flottent dans les marges de ma copie et, pour une fois, vous ne pourrez pas mettre en cause mes piètres talents de dessinatrice : expression d’un désir refoulé du mal de mère mer de mon professeur d’anglais pour cause de répétition « Il était ». (est-ce ma faute aussi si certains auteurs trouvent judicieux de répéter « he was » sur tout une page ?)
– le débat est houleux pour savoir lequel des princes de Walt Disney est le plus beau ; on s’arrache les mots de la bouche, en partie parce que les princes sont tous très niais (sauf Aladdin pour Lucie, mais là intervient un facteur de taille : Aladdin n’a pas de sang royal – tragique) en partie parce que les marches des escaliers où se déroule le débat nous essoufflent et nous empêchent de parler.
– à peine la porte d’entrée franchie, on se fait assaillir par un dilemme cornélien : « Tu préfères Louis XIV ou Napoléon ? ». Pas le temps d’aller poser son sac, il faut répondre sur le champ, le Sphinx n’accepte aucun délais. Pour votre gouverne, j’ai répondu Louis XIV puisque c’est l’inventeur de la danse classique ! (en réalité c’est son maître à danser Beauchamp et c’était plutôt de la danse baroque… mais on ne va pas chipoter face au chapeau de Napoléon)

Au royaume des génies, le bon élève est cancre.

Sur ce, permettez-moi de vous envoyer sur les roses chez mes camarades hyphokhâgneuses géniales : cet article de Thalie et Clio.

 

 

Si vous êtes intelligents, vous avez compris (qu’il n’y a rien à comprendre mais tout à apprendre)

       Les jours s’enchaînent tout en nous enchaînant à nos agendas qui fourmillent de mots, d’abréviations claudicantes, de traits railleurs et d’obligations criantes. Ca déborde en un flot joyeux ; inutile d’essayer de le retenir entre ses mains, sautons plutôt dedans à pieds joints et éclaboussons-nous de pronoms latins, aspergeons-nous de poésie, passons aux april showers jusqu’au raz-de-marée pantagruélique final.

       Ce qui déroute n’est pas tellement la quantité (on nous a tellement brandi le spectre du Travail in the flesh, qu’on y était plus ou moins préparé), mais le degré de concentration ciguë aigu que cela demande. Autant dire que l’on ressort plutôt hagard le lundi soir – le terme de soir prenant ici sa pleine signification ; 19h.  Grande concentration mais aussi humour, bonne humeur ou franche rigolade : j’ai enfin compris pourquoi ce sont les prépas qui font le plus de bruit au CDI et qui passent d’un air mi-shooté mi-victorieux à la cantine…

 Quelques instantanés rieurs ou risibles : 

         une leçon absolument incompréhensible de philosophie (pléonasme dirons certains – ne partons pas avec des préjugés… non, vérifions-les avant de les adopter définitivement). C’est-à-dire que vous entendez des sons qui forment des mots connus et répertoriés dans le dictionnaire, le plupart du temps connus de vous (mais pas tout le temps) mais que, mis bout à bout, ces mots ne deviennent pas des phrases intelligibles. Des phrases mutantes. Compliquées. Vides. Ou peut-être trop pleines. Nous étions donc depuis une heure trois-quarts (pas de pause entre les deux heures, nous avons fait le choix de l’intellect, les purs esprits n’ont aucun besoin de se dégourdir les jambes) en train de nous filer mal au crâne, mi-par concentration, essayant vainement de saisir une idée d’ensemble, mi-par désespoir, la main en étau autour du front. Et là, la phrase qui tue : « Si vous êtes intelligents, vous avez compris. » C’est dit, je suis conne. Et là, la précision qui tue : « Intelligents au sens de qui cherche à comprendre ». Les petits rires jaunes qui ont fusés n’étaient que la coloration policée d’une envie primitive de meurtre par étranglement. (oui, moi aussi je peux faire des phrases longues là où une onomatopée aurait été parfaitement à sa place grrrrrr)

         La révision du vocabulaire anglais. Là où on regrette de ne pas avoir plus savouré the dog, the cat, the bedroom. Sean is in the kitchen… Là où l’on regrette vraiment que le mauvais temps anglais soit proverbial = plein de proverbes. Remarque de ma mère engagée comme répétitrice : mais pourquoi tous ces mots ? avec rain et fog ça suffisait. Au point pour parler de la pluie et du beau temps.

         Le one man show du professeur d’histoire. Parce que vraiment ça le démangeait de nous imiter le mode de vie bourgeois de 1870. Vous voyez, le père qui a acheté un piano, un affreux truc, une casserole pour que sa fille en joue… et le prof est pas terrible non plus… la môme a pas envie * mains sur le bureau, position crispée version chat qui vient de se prendre un saut d’eau sur la caboche * … la, la làààààààài, la, la, la, schroupf, troum *les mains s’abattent avec une douceur éléphantesque*… vous voyez –on est surtout pliés en deux. Il a failli recommencer, a replacé ses mains comme pour débuter un nouveau morceau, puis a abandonné. Faut pas abuser des bonnes choses.

 
     L’hypokhâgne, c’est aussi une curieuse transformations des littéraires, non seulement parce que tous ne sont pas littéraires – oui, on sait, avec un [bon] bac S on fait ce qu’on veut-, mais parce que, par un phénomène inexplicable, l’on se met à compter.
Les mots d’anglais = 490 (estimation de Clara)
Les marches pour monter jusqu’à notre tour d’ivoire = chiffre à s’enfuir en courant venir, à débattre. Ne fait pas encore l’objet d’un consensus pour cause de trajets et de marges (faut-il ou non inclure les deux marches de la cour d’entrée ?).

Et l’hypokhâgne, c’est aussi publier cet article inutile entre la misère africaine à mettre en fiche et le radotage british de mots que l’on ne connaît pas forcément en français. Car, soyez honnêtes, combien d’entre vous (qui est le sharped-tongued qui insinue qu’il n’y a personne ?) connaissent la signification profonde d’un chemin de halage (Ephreet, pas le droit de jouer), ou des rouflaquettes ?