Predictably Irrational, Dan Ariely

[Je suis très prévisible, vous aurez aussi vite fait de lire le bouquin.] 

Jamais je n’aurais cru que l’on puisse réfléchir sur sa vie aussi bien avec un grand classique comme Anna Karénine, de la science-fiction pour geeks intergalactiques ou de la non-fiction qui ne soit pas de la philosophie. Peut-être l’économie comportementale s’y prête-t-elle bien ou peut-être est-ce le ton familier de Dan Ariely qui n’hésite pas à révéler les expériences personnelles qui sont à l’origine de ses expérimentations, à utiliser pour celles-ci des chocolats et à annoncer les résultats par un « drumrolls, please ». 

Sa thèse pose que, ne nous en déplaise, nous nous conduisons de manière irrationnelle mais que cette irrationalité a sa logique et nous rend finalement assez prévisible dans notre illogisme même. Le sous-titre « The Hidden Forces That Shape Our Decisions » est un peu over the top : l’auteur nous réinvente l’effet placebo et entre les véritables surprises s’intercalent des évidences instinctives. Il n’empêche, la lecture est instructive et amusante dès qu’on essaye de la transposer à notre propre vie. Sans reprendre les expériences, fort bien décrites au demeurant, j’en profite pour vous raconter ma vie.

 

Chapter 1 The Truth about Relativity
Why Everything Is Relative – Even When It Shouldn’t Be

Visiblement, je ne suis pas la seule à ne pas savoir faire de choix, puisqu’on prend rarement l’option qui nous est utile ou agréable. On compare ce qui est le plus comparable et si, sur trois options, deux qui se ressemblent, on peut être à peu près sûr que la troisième sera laissée de côté. Tout se passe comme si le superlatif relatif (cette option est la meilleure des deux qui sont comparables) devenait un superlatif absolu (cette option est la meilleure – même par rapport à la troisième option).

Pas mal pour déceler quand les publicistes cherchent à orienter nos choix ; il suffit de repérer l’ajout de l’option de comparaison, le même mais en différent en un peu moins bien, qui nous décidera pour la version plus élaborée au détriment de ce qui était l’autre véritable choix. Alors forcément, si je réduis mon corpus de liseuses au Reader de Sony, à l’Opus et à l’Orizon de Bookeen et que je découvre sur les forums que ce dernier a l’inconvénient majeur d’avoir un écran aussi solide que les iPhones, mon choix se dirige naturellement vers l’autre modèle du même constructeur. Ce n’est donc pas l’aspect Game Boy de l’Opus qui m’a séduite. CQFD (ceux qu’il fallait détromper).

L’auteur retrouve le même mécanisme dans la drague : on aurait davantage de chances dans une soirée accompagné d’un ami qui nous ressemble sans avoir notre charme. Vous êtes prévenus maintenant, pas question de m’utiliser comme faire-valoir. 

 

Chapter 2 The Fallacy of Supply and Demand
Why the Price of Pearls – and Everything Else – Is Up in the Air

Voilà le titre complet d’In the air, ce film dont le héros n’arrive pas à se fixer parce qu’en homme d’affaire qui passe son temps en avion, il n’a pas de port d’attache. De même, les prix ne sont fixés que si l’on a une ancre qui sert ensuite d’étalon à toute autre évaluation. Cette ancre est souvent arbitraire mais devient l’origine d’un ensemble cohérent. C’est un peu comme dans une relation, finalement : on ne sait pas trop pourquoi celui-là plutôt qu’un autre, on s’est tombé dessus par hasard et à force d’expériences partagées et de complicité développée, on a transformé le hasard en destin, parce que c’était lui, parce que c’était moi. Je m’éloigne de l’économie, certes, mais d’abord, c’est Dan qui a commencé *montre du doigt le premier chapitre*.

Le hic économique, c’est que ces ancres nous sont souvent imposées et que l’habitude, avec ses algues adhérentes, les a rendu quasi inamovibles. L’auteur en vient ainsi à parler de Starbucks qui, plutôt que de s’échiner à déplacer une ancre engluée, a choisi d’en lancer une autre. Pour cela, ils sont allés à quelques nœuds (de cerveau) et ont choisi un nouvel environnement. Le client connaissait le prix d’un café, il découvre maintenant le prix d’un café affalé dans de gros fauteuils conviviaux et, d’abord un peu choqué (les ancres s’entrechoquent), il prend peu à peu le pli (les ancres sont retombées à quelque distance l’une de l’autre). Voilà comment l’on devient son propre mouton de Panurge (self-herding) et qu’on attend des plombes pour se faire servir une boisson hors de prix.

 

Chapter 3 The Cost of Zero Cost
Why We Often Pay Too Much When We Pay Nothing

Il ne s’agit pas seulement, dans ce chapitre, du paquet de gâteau qu’on a acheté parce que le deuxième était gratuit alors que le placard est déjà plein à la maison. On peut aussi finir avec moins de sucreries qu’on aurait pu. À Halloween, le diabolique Dan a mis des bonbons bof dans la main des petits anges démons et leur a ensuite proposé un troc, tout à leur avantage, pour des barres Sneakers. Autant dire que leur gourmandise a très bien su calculer. Mais lorsqu’à ce troc, il a ajouté une alternative, à savoir une mini-bar Sneakers gratuite en échange de la moitié seulement des bonbecs bof, l’avidité du gain l’a emportée sur l’intelligence du troc – trick after treat, adieu la grande barre de Sneakers. J’avais dit que je ne raconterais pas les expériences mais on parle de chocolat, là, c’est sérieux – d’autant plus sérieux que les résultats ont été les mêmes lorsque l’expérience a été reconduite sur des élèves de MBA (finalement, ce n’est peut-être pas si grave d’avoir cinq ans d’âge mental). Peur de la perte, on voyait bien – moins qu’elle augmentait en présence de la gratuité. Et je saisis mieux d’un coup le pourquoi des capitales dans tout le chapitre : il a FREE !, il n’a pas tout compris.

 

Chapter 4 The Cost of Social Norms
Why We Are Happy to Do Things, but Not When We Are Paid to Do Them

J’en ai fait l’expérience cette année comme stagiaire d’édition : dites-moi que je suis là pour apprendre et je me dis que j’ai de la chance d’avoir été prise, je suis zélée et appliquée ; dites-moi que fais le travail d’un assistant d’édition qui n’existera jamais parce qu’il coûterait bien plus cher et je me dis que mon indemnisation (considérée comme un super argent de poche un instant auparavant) est un salaire dérisoire, je pars à 17h45 parce que je suis une ressource exploitée.

Nowadays people know the price of everything, and the value of nothing. On doit sûrement cet aphorisme d’Oscar Wilde à ce qu’il était un aristocrate ; aurait-il été marchant que les valeurs se seraient effacées devant les prix. Difficile de maintenir des normes sociales dans la sphère économique. Une fois les normes du marché édictées, vous pouvez toujours essayer de les chasser à coup de normes sociales, elles risquent fort de revenir au galop (et de piétiner au passage lesdites normes sociales qui auront alors un peu plus de mal à défendre leur territoire légitime).

 

Chapter 5 The Power of a Free Cookie
How FREE Can Make Us Less Selfish

Au stand gâteau de la kermesse, vous achetez autant de part que vous pouvez en avaler, sans vous soucier de rien d’autre que des vases communiquant entre votre porte-monnaie et votre estomac. Maintenant, si A. passe dans la classe avec des cookies spécialement faits pour rendre supportable le DS du samedi matin, vous en prenez un (ou deux s’ils sont au peanut butter) et vous attendez que la boîte ait fait le tour des khâgneux avant de compléter la règle du jamais 203. On est moins sauvage en société que sur le marché. Voilà pourquoi les méchants capitalistes s’offraient des cigares sans regarder à la dépense.

 

Chapter 6 The Influence of Arousal
Why Hot Is Much Hotter Than We Realize

C’est encore moins une révélation que le chapitre précédent : l’excitation nous fait perdre la raison plus qu’on ne l’aurait cru à froid. Conséquence intéressante, en revanche : il faudrait revoir les politiques de prévention contre les MST et les grossesses non désirées. Les slogans pro-préservatifs ont beau user de l’impératif, ils rappellent davantage une information qu’ils n’influencent les comportements : « sortez couverts », évidemment (comme si en ce radieux mois de novembre août, on allait sortir sans parapluie) mais le vrai problème ne se trouve pas à la sortie (en boîte) mais à l’entrée (non, pas de dessin), lorsqu’on s’est enivré (d’alcool ou de regards sans équivoque). La suggestion du lieutenant Dan ? Éduquer la maîtrise sur le comportement en amont. Et là, je vois Aristote en boîte, son pli moral perdu dans les plis de sa toge, en train de danser avec les passions.

 

Chapter 7 The Problem of Procrastination and Self-Control
Why We Can’t Make Ourselves Do What We Want to Do

Il suffira au khâgneux de se rappeler des dissertations finis à deux heures du matin et sponsorisées par Coca, chocolat, clope, café pour entendre le problème de la procrastination et son unique remède : la contrainte. Ou comment, avec une première et dernière dissertation à la maison, la Bacchante nous a rendus presque reconnaissants de venir disserter au lycée le samedi matin (les chouquettes, figues séchées et Toblerones ont du aider, je ne nie pas). C’est irrationnel (après tout, à la maison, on a notre cerveau et un stylo plume + des livres et du temps) mais c’est (mieux) ainsi, le court terme ne le dispute plus au long terme.

 

Chapter 8 The High Price of Ownership
Why We Overvalue What We Have

On s’attache davantage à ce qu’on possède mais Dan ne nous dit pas vraiment pourquoi. Cela explique simplement l’échec du marxisme que le prix de vente soit toujours trop cher pour l’acheteur qui n’y ajoute encore aucune valeur sentimentale. Sauf à s’être déjà entiché de l’objet et de déjà le posséder en idée (conseil : ne jamais faire entrer un collectionneur d’ours en peluche dans un magasin « juste pour regarder », il tombera amoureux d’un simple regard). J’imagine que cela se retrouve dans les ventes aux enchères (quoique pas seulement).

 

Chapter 9 Keeping Doors Open
Why Options Distract Us from Our Main Objective

À force de se ménager des portes de sortie, on finit par ne s’engager nulle part si bien qu’il vaut mieux persévérer dans une direction que de s’éparpiller aux quatre vents. Les éternels indécis (j’ai du essayer tout le magasin pour ma nouvelle paire de lunettes x 4 magasins) devraient mettre en balance non tant les alternatives du choix que le choix (quel qu’il soit) avec les conséquences qu’entraîne le non-choix (cela fait six mois que mes yeux me déclassent d’une catégorie à chaque spectacle – mes lunettes actuelles s’étant de plus cassées, je me prépare psychologiquement aux deux petits cœurs en argent qui ornent la monture de la nouvelle paire que j’ai repérée). Mais laissons Pascal chez l’opticien.

À la fin de la terminale, j’avais deux portes en face de moi (davantage en réalité mais j’en avais présélectionné deux) : la danse et les études. J’aurais pu garder les deux ouvertes en choisissant la fac et son emploi du temps-gruyère où j’aurais casé moult cours de danse. Seulement voilà, les deux en auraient pâti car la fac n’est pas la prépa et, étant incapable de faire les choses à moitié, je n’aurais pas dégagé assez de temps pour espérer atteindre un niveau suffisant en danse et intégrer une compagnie, si petite fût-elle. Alors je suis allée en hypokhâgne. Je pourrais vous faire croire que je suis très raisonnable et que j’ai choisi ce dans quoi j’étais meilleure (jamais passé le premier tour dans les auditions) mais ce n’est pas le cas. J’ai seulement fait passer les études en premier, croyant que je pourrais user du sens littéral en évitant le sens figuré, et faire mon choix ensuite. Sauf qu’à passer de dix à deux ou quatre heures de danse par semaine tout en passant le cap des 20 ans, après lequel le corps arrête de grandir et commence à vieillir, je me suis retrouvée à lutter non plus pour progresser mais pour ne pas régresser. J’étais embarquée. Exit les rêves dansants.

Le choix s’est fait de lui-même et, s’il n’est pas forcément meilleur que son alternative (je n’ai pas de bouton reset dans le dos pour le vérifier), c’était quand même le bon, puisque c’était un choix – meilleur que le non-choix fac + danse. Se perfectionner oblige à choisir car tout le monde ne peut pas mener de front des études de médecine et d’architecture (mon oncle a des amis qui lui ressemblent, pas du tout forcenés). Il en va de même dans l’avancée des savoirs en général (nous ne sommes plus à l’époque de l’Encyclopédie, les informaticiens ne se comprennent même pas entre eux lorsqu’ils ont des spécialités différentes) ou dans une relation amoureuse en particulier. À chaque fois, il faut renoncer à TOUT avoir pour ne pas finir sans rien : renoncer à vouloir être tout le monde pour pouvoir être quelqu’un. Je ne peux pas avoir des cuisses qui me permettent de fermer mes cinquièmes à coup sûr ET des formes voluptueuses (du coup, je n’ai ni les unes ni les autres – le choix-qui-n’en-était-pas-un-mais-l’est-devenu a laissé quelques regrets, il faut croire). Je le sais. Mais certains jours, ce rêve de totalité écrase l’émerveillement et me rend un peu triste devant l’infinie diversité de la beauté.

Chapter 10 The Effect of Expectations
Why The Mind Gets Whats It Expects

À l’oppose du dicton « aide-toi et le Ciel t’aidera », il y a la prophétie auto-réalisatrice : être convaincu de détester une chose est une assez bonne méthode pour ne pas l’apprécier. D’où l’importance de ne révéler qu’après dégustation la composition du gâteau aux carottes à son papi persuadé, sans avoir goûté, que « les carottes dans un gâteau, c’est dégueulasse ». Une fois le « délicieux ! » proféré, il devient difficile de se dédire. On peut aussi annoncer la couleur tout de suite, supporter le « dégueulasse ! » du papi qui en aura goûté un dé, et garder le reste pour soi. C’est ainsi qu’à son anniversaire, A. n’a pas eu grand succès avec son gâteau aux courgettes pourtant très bon (alors que je ne tolère la courgette dans la ratatouille que parce qu’on y trouve de l’aubergine) ; il faut dire que l’obligation morale de prévention est plus grande avec les courgettes qu’avec les carottes (rapport au fait que, contrairement à celles-là, celles-ci sont sucrées et appréciées d’une plus grande partie de la population).

L’orientation par nos a priori explique aussi pourquoi maman, grande amatrice de Coca-Cola, est également un grand pourfendeur de Pepsi. Pas de publicité mensongère lorsque chacune des deux marques affirme être préférée à l’autre : Pepsi l’est lors de tests en aveugle, Coca lorsque la marque est mentionnée. Les sodas sont en fait à peu près équivalents au niveau gustatif ; l’ingrédient secret de Coca, c’est l’énorme visibilité de sa marque. Lors de tests sous IRM, on s’est aperçu qu’ajouter à l’ingestion du breuvage le nom de la marque mettait en marche une autre zone d’activité dans le cerveau, celle qui concerne notamment la mémoire. Voilà : maman n’aime que le Coca parce qu’elle est une fan de Culture pub.

(Un autre exemple concernait la musique mais celui-ci est tellement énorme que j’y consacrerai un autre post.)

 

Chapter 11 The Power of Price
Why a 50-Cent Aspirin Can Do What a Penny Aspirin Can’t

Pas besoin d’aspirine dans ce chapitre où l’auteur confirme que l’effet placebo est aussi fonction du prix – mauvaise nouvelle pour la Sécu et sa campagne pour les médicaments génériques.

 

Chapter12 The Cycle of Distrust
Why We Don’t Believe What Marketers Tell Us

Je vous la fais courte : puisque les autres sont égoïstes, pourquoi n’en ferais-je pas autant ?

 

The Context of Our Character
13 Why We Are Dishonest, and What We Can Do about It
14 Why Dealing with Cash Makes Us More Honest

Sans surprise, on est davantage enclin à tricher lorsqu’on sait qu’on ne sera pas pris. Plus inattendu, on ne triche pas proportionnellement à l’absence de risque, on s’arrange avec sa conscience de manière à pouvoir soi-même croire qu’on s’est arrangé avec la vérité sans avoir vraiment triché. Évident quand on pense à la disparition perpétuelle des stylos au bureau, la conscience est moins consciencieuse quand il ne s’agit pas d’un argent. Je n’empocherais jamais le pourboire laissé par les consommateurs précédents mais je ne me suis pas manifestée lorsque la crêperie m’a offert sans le savoir une bolée de cidre, dont le prix est pourtant supérieur à la piécette destinée au serveur. Même un honnête homme peut n’agir pas honnêtement. Apparemment, ces écarts peuvent être contenus si on nous rappelle que nous sommes des êtres moraux. Si jamais vous trouvez un restaurant décoré avec les dix commandements, vous saurez pourquoi (Laurent a bien eu un plateau avec une citation de la Bible dans l’avion…). Peut-être est-ce pour la même raison que de petites églises peuvent rester sans surveillance sans qu’on ydérobe rien (certes, un athé n’a pas forcément envie d’un Christ dans son salon mais les cierges peuvent toujours être convertis en photophores).

 

Chapter 15 Beer and Free Lunches
What Is Behavioral Economics, and Where Are the Free Lunches ? 

 Voilà pourquoi j’aime les ouvrages grand public : on pense aux définitions à la fin et on ne s’y appesantit pas. L’économie comportementale ? Une manière de comprendre les choses. Très naturelle pour certains. Ainsi, dans un pub, l’auteur et un ami se sont posé des questions que l’on se pose dans ce genre d’endroit, comme par exemple : est-on influencé par le choix de ses amis lors de la commande à voix haute ? Expérience faite, la réponse est oui : les clients commandent leur bière à la pression sociale et cherchent toujours à se démarquer par un choix qui n’a pas encore été fait (d’où que le dernier finit souvent avec un plat qu’il n’apprécie pas spécialement). Inversement, dans les pays où la collectivité prime sur l’individu, les commandes ne reflètent plus une volonté de se faire valoir son originalité mais son appartenance au groupe. En tant qu’estomac sur pattes, cela me passe un peu au-dessus de l’œsophage ; je prends ce qui me tente le plus. Quoique, cette relative indifférence au choix de mes compagnons pourrait être une autre façon d’affirmer mon identité d’estomac sur pattes… qui constate d’ailleurs que la toute dernière question du livre n’a pas eu de réponse.

 

Gallimard, vous lirez (de) loin

L’exposition Gallimard de la BnF porte bien son titre, moins son sous-titre. « Un siècle d’édition », c’est beaucoup dire lorsqu’on oublie l’entreprise pour se concentrer sur la saga familiale. On fait comme si, en un siècle, rien n’avait changé que le prénom : Gaston, Claude, Antoine, tous des Gallimard. Mais entre « l’homme de lettres qui n’écrit pas », ainsi qu’est désigné Gaston par l’un de ses auteurs, et le PDG actuel, il y a un monde que n’explore pas franchement l’exposition. Celle-ci joue à fond la carte des archives célèbres et espère transformer le visiteur en détective-justicier qui, fort de sa culture littéraire, bouhouhisera le lecteur du comité passé à côté d’une œuvre que l’histoire a sacralisée. Je trouve au contraire fort rafraîchissants ces avis tranchés, aujourd’hui inavouables sans une avalanche de concessives. Et un roman « profondément ennuyeux, inutile et parfaitement respectable » expédié ! Les livres de compte et les contrats sont moins amusants et si, plus souvent dactylographiés, il sont souvent plus lisibles, on les lit encore moins que les lettres et dédicaces semble-t-il adressées à des archéo-grapho-logues – vive le Times New Roman. Aux lettres pleines d’amitiés et de sincères formules, on préfère vite une enveloppe décorée de Cocteau, les dessins humoristiques de Pennac (moi aussi, j’en ai un en dédicace, nananananèreuh) ou une affiche publicitaire pour la sortie de Sade en Pléiade (« L’enfer sur papier bible »). Je grappille selon mes affinités avec tel ou tel auteur et laisse souvent de côté ceux que je n’ai jamais lu. Le souci de « trouver un très bon traducteur » pour Hannah Arendt me ramène à la khâgne et je ne résiste pas à l’envie d’entendre Milan Kundera dans une de ces vidéos à la demande (j’ai bien été punie mais je me suis rattrapée avec une joyeuse table ronde autour de Daniel Pennac). De vieilles maquette font retrouver un sens au copier-coller ; on s’amuse de l’existence d’originaux pour les dessins du Petit Prince ou les couvertures d’Harry Potter ; et on découvre que c’est à une suggestion de Queneau que l’on doit les couvertures métallisées de SF.

En somme, cette entreprise d’autopromotion vaut surtout pour ses notes de bas de pages : à défaut d’une véritable visite de la maison, on s’amuse d’anecdotes croustillantes retrouvées au grenier. L’exposition n’est donc pas bien grande mais on en a vite assez de déchiffrer et on préférait retourner lire tous ces auteurs que la première salle exhibait en photos comme des trophées. Belle mise en page scène à voir plus qu’à lire.  

Hooked on books

Balletomane et littéraire, je considère avoir été taguée par Amélie.

Le point de départ : Have you read more than 6 of these books? The BBC believes most people will have read only 6 of the 100 books listed here. Instructions: Bold those books you’ve read in their entirety. Italicize the ones you started but didn’t finish or read only an excerpt.
Alors, mes agneaux, comme je passe désormais mes journées à rétablir le code typographique dans les interprétations originales et variées qu’en font les universitaires, je ne peux pas laisser un titre en romain. Pour que ça ne me démange pas de les souligner rageusement et d’écrire it. en rouge dans la marge, je laisserai en italique tous les titres et je soulignerai ceux dont j’ai lu des extraits.

 

1 Pride and Prejudice – Jane Austen
J’ai eu envie de claquer Elizabeth mais comme j’ai parfois aimé ricaner avec le narrateur, j’en lirai certainement d’autres un jour.

2 The Lord of the Rings – JRR Tolkien
On m’a fait regarder l’intégrale des films en version longue en VO d’une traite (jusqu’à trois heures du matin : « mais, il n’était pas censé être mort, lui ? – il a une aussi une barbe blanche, mais ce n’est pas le même que tout à l’heure. – Ah. »), mais malgré les soupirs d’extase de Dre, je n’ai jamais ouvert les bouquins.

3 Jane Eyre – Charlotte Brontë
Je croyais l’avoir lu gamine mais j’ai découvert que c’était une version abrégée, chose que j’abhorrais déjà à l’époque ; je me suis sentie un peu flouée sur le moment mais du coup cela fait un titre de plus sur ma liste à lire virtuelle.

4 Harry Potter series – JK Rowling
Il faut mettre en gras ET souligner si on les a beaucoup relu, qu’on dit « accio dico » quand on ne veut pas se lever pour l’attraper et qu’on regrette de ne pas avoir de retourneur de temps ?

5 To Kill a Mockingbird – Harper Lee
A. me l’a offert, il attend son tour sous la table basse.

6 The Bible
Cela manque gravement à ma culture et je vais peut-être penser à programmer ce chantier pour cet été. En français, hein, mais si un jour j’en lis des passages en anglais, je prendrai la King James’ version (c’était pour mister From-the-Bridge si jamais il passait par ici).

7 Wuthering Heights – Emily Brontë
J’aimerais le relire en anglais, vu le bon souvenir que j’ai gardé de la traduction- bonifié encore par Kader Belarbi ^^

8 Nineteen Eighty Four – George Orwell
Doubleplusbon. Sa critique est un des rares points que je n’accorderais pas volontiers à Kundera.

9 His Dark Materials – Philip Pullman
Je ne connaissais même pas le titre original, ce qui ne m’a pas empêchée d’être fascinée par cette trilogie, à laquelle je ne reprocherai que la toute fin, un peu mièvre par rapport au reste. J’ai longtemps rêvé d’avoir cette espèce de boussole grâce à laquelle Lyra ne voit pas le futur mais la réalité telle quelle est, la vérité (et ce mélange d’érudition et d’intelligence innée avec lequel elle s’en sert me ravit – c’est un peu le syndrome Hermione Granger), je me suis demandé quel serait mon daemon et j’ai pensé à la poussière dès que j’en voyais voltiger dans un rayon de lumière. Ça y est, j’ai envie de le relire.

10 Great Expectations – Charles Dickens
Je n’ai lu qu’
Oliver Twist mais tellement aimé que j’en lirai d’autres. Avant d’en étudier des extraits en cours d’anglais, j’y voyais un Zola anglais mais aucun misérabilisme ne résiste à l’ironie british.

11 Little Women – Louisa May Alcott

12 Tess of the D’Urbervilles – Thomas Hardy

13 Catch 22 – Joseph Heller

14 Complete Works of Shakespeare
Not yet.

15 Rebecca – Daphné Du Maurier

16 The Hobbit – JRR Tolkien

17 Birdsong – Sebastian Faulks

18 Catcher in the Rye – JD Salinger

19 The Time Traveler’s Wife – Audrey Niffenegger

20 Middlemarch – George Eliot

21 Gone With The Wind – Margaret Mitchell
Lu sur la pelouse à la pause déjeuner, au soleil, à Châteauroux, lors de mon premier stage de danse.

22 The Great Gatsby – F Scott Fitzgerald

23 Bleak House – Charles Dickens
Seulement l’incipit en khôlle. Palpatine, ne me la
isse pas entrer dans une librairie ce week-end à Londres.

24 War and Peace – Leo Tolstoy

25 The Hitch Hiker’s Guide to the Galaxy – Douglas Adams
Acheté lors de mon dernier week-end à Londres, lecture imminente.

26 Brideshead Revisited – Evelyn Waugh

27 Crime and Punishment – Fyodor Dostoyevsky

28 Grapes of Wrath – John Steinbeck

29 Alice in Wonderland – Lewis Carroll
Une version tricky m’a donné envie de le relire en VO.

30 The Wind in the Willows – Kenneth Grahame

31 Anna Karenina – Leo Tolstoy
Par un concours de circonstances (i.e. bouquins à lire pour les cours), je me suis trouvée interrompue après environ 50 pages, juste le temps de commencer à apprécier. S’il y a bien un livre que je ne renoncerai pas à lire, c’est celui-là <
L’Insoutenable Légèreté de l’être, Murakami, Boris Eifman.

32 David Copperfield – Charles Dickens

33 Chronicles of Narnia – CS Lewis

34 Emma -Jane Austen

35 Persuasion – Jane Austen
Là, je suis en train de m’attirer le mépris de toutes les blogueuses buveuses de thé.

36 The Lion, The Witch and the Wardrobe – CS Lewis

37 The Kite Runner – Khaled Hosseini

38 Captain Corelli’s Mandolin – Louis De Bernieres

39 Memoirs of a Geisha – Arthur Golden

40 Winnie the Pooh – A.A. Milne
Je préfère porcinet, d’abord.

41 Animal Farm – George Orwell
« All animals are equal but some are more equals than others. »

42 The Da Vinci Code – Dan Brown

43 One Hundred Years of Solitude – Gabriel Garcia Marquez

44 A Prayer for Owen Meany – John Irving

45 The Woman in White – Wilkie Collins

46 Anne of Green Gables – LM Montgomery
Et comment ! Toute la série achetée trimestre par trimestre chez France Loisirs, et galère pour compléter la série avec le premier tome qu’il me manquait et que j’ai fini par trouver en gros caractères pour malvoyants. J’avais alors un a priori négatif pour les romans courts et un amour démesuré pour ceux qui l’étaient aussi -démesurés (donc les séries). C’est l’époque où j’ai regretté de ne pas être rousse (aux yeux verts) avec des tâches de rousseur, et où j’ai admiré la grâce des peupliers.


47
Far From The Madding Crowd – Thomas Hardy

48 The Handmaid’s Tale – Margaret Atwood

49 Lord of the Flies – William Golding

50 Atonement – Ian McEwan
Je viens de finir
On Chesil Beach et ne compte pas en rester là.

51 Life of Pi – Yann Martel

52 Dune – Frank Herbert
Palpatine m’a fait regarder le film avec la chevauchée des vers de terre géants, ça compte ?

53 Cold Comfort Farm – Stella Gibbons

54 Sense and Sensibility – Jane Austen

55 A Suitable Boy – Vikram Seth

56 The Shadow of the Wind – Carlos Ruiz Zafon

57 A Tale Of Two Cities – Charles Dickens

58 Brave New World – Aldous Huxley
La première partie, en particulier, avec sa description des êtres programmés de l’alpha à l’epsilon, qui a ennuyé tant de mes camarades, m’a longtemps hanté, plus que l’histoire proprement dite qui suivait.


59
The Curious Incident of the Dog in the Night-time – Mark Haddon

60 Love In The Time Of Cholera – Gabriel Garcia Marquez

61 Of Mice and Men – John Steinbeck

62 Lolita – Vladimir Nabokov
One day. Une édition sans fourrure à poils roses, de préférence.


63
The Secret History – Donna Tartt

64 The Lovely Bones – Alice Sebold

65 Count of Monte Cristo – Alexandre Dumas
On me l’avait offert mais je déteste les Pléiades, je n’arrive pas à lire dessus et je l’ai revendu.


66
On The Road – Jack Kerouac
Ma cousine me honnirait si elle passait par ici.


67
Jude the Obscure – Thomas Hardy

68 Bridget Jones’s Diary – Helen Fielding
Ma mère riait tellement dans sa chaise longue que j’ai commencé par le deuxième tome.


69
Midnight’s Children – Salman Rushdie
En cours, en khôlle, et cette année à nouveau : avec une telle insistance, je ne vois pas pourquoi je résisterais à l’humour présent dès l’incipit.


70
Moby Dick – Herman Melville

71 Oliver Twist – Charles Dickens
Cf. 10

72 Dracula – Bram Stoker

73 The Secret Garden – Frances Hodgson Burnett
Un de mes premiers bouquins en anglais.

74 Notes From A Small Island – Bill Bryson
Only an excerpt from
Notes from a big country.

75 Ulysses – James Joyce
Lu une cinquantaine de pages à la BU pour voir. Quand j’aurai fini la
Recherche, vielleicht.

76 The Inferno – Dante

77 Swallows and Amazons – Arthur Ransome

78 Germinal – Emile Zola
Au nom du cours d’histoire et des dissertations à rendre vivantes, j’avais essayé de m’y remettre nonobstant ma détestation féroce de la Bête humaine, mais je n’ai même pas eu le temps d’avoir envie d’aligner tous les personnages pour les tuer et abréger mes souffrances.

79 Vanity Fair – William Makepeace Thackeray
I had such fun, commenting it in class… je devrais créer une vraie PAL pour ne pas l’oublier.


80
Possession – AS Byatt

81 A Christmas Carol – Charles Dickens

82 Cloud Atlas – David Mitchell

83 The Color Purple – Alice Walker

84 The Remains of the Day – Kazuo Ishiguro
Il me fait régulièrement de l’œil à Gibert…

85 Madame Bovary – Gustave Flaubert
J’ai de loin préféré
L’Éducation sentimentale.

86 A Fine Balance – Rohinton Mistry

87 Charlotte’s Web – E.B. White

88 The Five People You Meet In Heaven – Mitch Albom

89 Adventures of Sherlock Holmes – Sir Arthur Conan Doyle

90 The Faraway Tree Collection – Enid Blyton
Mais j’ai lu plein de Fantômettes.

91 Heart of Darkness – Joseph Conrad

92 The Little Prince – Antoine De Saint-Exupery
Le chapeau-boa ; la planète lampadaire ; le comptable d’étoiles, et la première fois que j’ai rencontré la formule « je bois – pourquoi ? -pour oublier – pour oublier quoi ? – pour oublier que je bois ».

93 The Wasp Factory – Iain Banks

94 Watership Down – Richard Adams

95 A Confederacy of Dunces – John Kennedy Toole

96 A Town Like Alice – Nevil Shute

97 The Three Musketeers – Alexandre Dumas
Athos, Portos, Aramais et d’Artagnan ! Je croyais que les romans de cape et d’épées n’étaient pas pour moi, et j’ai enchaîné sur
Vingt ans après et le Collier de la reine.

98 Hamlet – William Shakespeare

99 Charlie and the Chocolate Factory – Roald Dahl
Mouais. Y’a du chocolat, quoi.

100 Les Misérables – Victor Hugo
Il était dans le programme de khôlle et en bonne psychokhâgneuse, je l’ai lu pendant des vacances de deux semaines, dans l’ordre, juste après Polyeucte de Corneille : checked ! Bein c’est passé beaucoup plus vite, une valse sur du rythme ternaire bien martelé ; j’ai dévoré, me suis baladé dans les égouts et ai gardé une fascination particulière pour le passage du couvent.

 

À l’arrivée : more than once, it dates back ; j’ai plus lu que je ne lis. Et remarque qu’on est très chauvin dans nos lectures : une majorité de bouquins anglophones dans cette liste de la BBC et quasiment que des œuvres françaises dans l’ouvrage sur le roman, que je suis en train de relire. La Weltliteratur est une bonne raison de se kundériser.

Et comme je ne suis pas une gentille journaliste, j’accuse : Inci et Bambou (je serais curieuse de voir ça chez Mo aussi mais on se connaît moins, je propose seulement).

Les intermittences de la mort

[Comme d’habitude, il se peut que je tue le suspens]

Lu par intermittence également. Mais cela n’est nullement dérangeant, puisqu’il n’y a pas à proprement parler d’histoire – plutôt une hypothèse : que se passerait-il si l’on cessait de mourir ? Toute l’intelligence de José Saramago consiste à ne pas partir dans une utopie métaphysique mais à inscrire cette hypothèse farfelue dans le monde qui est le nôtre et continue de fonctionner normalement. La suspension de la mort est circonscrite à un seul pays et les élus à la vie éternelle n’en continuent pas moins de vieillir, si bien que pour éviter l’entassement des maisons de retraite et pour ne pas s’occuper ad vitam eternam d’estropiés qui auraient été assassinés en d’autres temps, les familles commencent à faire passer clandestinement leurs morts encore vivants de l’autre côté de la frontière, la mafia ayant tôt fait de s’emparer de ce nouveau marché noir.

L’hypothèse de la suspension de la mort apparaît de moins en moins farfelue à mesure qu’elle permet d’analyser tous les rouages de la société : les pompes funèbres font faillite avant d’exiger que l’enterrement des animaux de compagnie devienne obligatoire ; les assurances-vie se reconvertissent en épargne pour la retraire ; le gouvernement, dépassé par la gestion de ce qui tourne rapidement à la crise, tente néanmoins de faire de la vie éternelle un élément de propagande ; quant à l’ Église, elle doit revoir son eschatologie qui ne lui donne plus aucune prise sur la société… On ne sait jamais très bien à l’initiative de qui, mais tout s’enclenche ; le style de Saramago est particulièrement efficace à faire paraître le « on » de la société, qui fait naître et grossir les rumeurs : peu de points pour de longues phrases dans lesquelles s’insèrent les dialogues et leurs répliques à la file, enchaînées par les virgules, le changement de locuteur étant marqué par une majuscule. On a l’impression d’y perdre en lisibilité au début, mais une fois acceptée l’idée de distinguer des interlocuteurs plus que des personnages, on se fait vite au rythme de ce style où le discours indirect libre est partout mais visible nulle part, comme la mort.

Lorsque cette dernière reprend du service, c’est presque un soulagement et c’est alors que le roman bascule dans sa seconde partie et délaisse la société pour un individu isolé, un violoncelliste qui a échappé à la législation de la mort et que cette dernière se doit de faire rentrer dans le rang. Une histoire se noue alors avec ou entre la mort et l’artiste, dont elle finit par devenir intime, jusqu’à ce que la phrase qui avait ouvert le roman vienne le clore : « Le lendemain personne ne mourut. » Autrement dit, toute rationnelle qu’elle soit dans la régulation de la société, la mort n’en demeure pas moins inacceptable pour une personne particulière, avec sa vie, son talent et ses manières humaines, qui nous font l’aimer et rêver pour elle à une exception de la mort, quand bien même la réalisation de ces rêves accumulés tournerait au cauchemar.

Pris au milieu de ces contradictions, l’homme ne peut que rire ou pleurer et le lecteur ne rira peut-être jamais autant, n’éprouvera peut-être jamais autant le besoin de rire qu’à ce récit de l’imperfection suprême de l’homme : sa finitude. Quelques extraits exhumées pour lesquelles on peut être mort de rire :

« […] L’église, monsieur le premier ministre, a tellement pris l’habitude des réponses éternelles que je ne puis l’imaginer en train d’en donner d’autres, Même si la réalité les contredit, Depuis le début, nous n’avons fait que contredire la réalité et nous existons toujours […] », p. 24

« Il était trois heures du matin lorsqu’il fallut emmener de toute urgence le cardinal à l’hôpital à cause d’une crise d’appendicite aiguë qui nécessita une intervention chirurgicale immédiate. Avant d’être aspiré par le tunnel de l’anesthésie, dans cet instant très bref qui précède la perte totale de la conscience, il pensa ce que tant d’autres ont pensé, qu’il pourrait mourir pendant l’opération, puis il se souvint que ce n’était plus possible et enfin, dans un dernier éclair de lucidité, son esprit fut encore traversé par l’idée que si malgré tout il mourait, cela signifierait que, paradoxalement, il aurait vaincu la mort. Emporté par une irrésistible soif de sacrifice, il allait implorer dieu de le tuer, mais il n’eut plus le temps d’ordonner les mots comme il convenait. L’anesthésie lui épargna le sacrilège suprême de vouloir transférer les pouvoirs de la mort à un dieu plus généralement connu comme donneur de vie. », p. 25.

Merci Bambou.

Peter Pan

Spécial Dre (si tu passes encore par ici…)

 

Liiiiiis Peter Pan [Pitoeur Pâne] , qu’elle me serinait…

Quelques a priori. Nevertheless, I had fun in the Neverlands.

 

Incipit :

« One day when she was two years old [Wendy] was playing in a garden, and she plucked another flower and ran with it to her mother. I suppose she must have looked rather delightful, for Mrs Darling put her hand to her heart and cried, ‘Oh, why can’t you remain like this for ever !’ This was all that passed between them on the subject, but henceforth Wendy knew that she must grow up. You always know after you are two. Two is the beginning of the end. »

« The way Mr. Darling won her was this : the many gentlemen who had been boys when she was a girl discovered simultaneously that they loved her, and they all ran to her house to propose to her except Mr. Darling, who took a cab and nipped in first, and so he got her. »

« For a week or two after Wendy came it was doubtful whether they would be able te keep her, as she was another mouth to feed. […] ‘Mumps one pound, that is what I have put down, but I daresay it will be more like thirty shillings-don’t speak- measles one five, German measles half a guinea, makes two fifteen six-don’t waggle your finger- whooping-cough, say fifteen shillins’- and so on it went, and it added up diffrently each time ; but at last Wendy just got through, with mumps reduced to twelve six, and the two kinds of measles treated as one.
There was the same excitement over John, and Michael had even a narrower squeak […] »

 

Wendy and Peter – rencontre du deuxième type :

«  ‘What is your name?’

‘Peter Pan.’

She was already sure that it must be Peter, but it did seem a comparatively short name.

‘Is it all ?’

‘Yes’, he said rather sharply. He felt for the first time that it was a shortish name. »

 

« When people in our set are introduced, it is customary for them to ask each other’s age, and so Wendy, who always liked to do the correst thing, asked Peter how old he was. It was not really a happy question to ask him ; it was like an examination paper that asks grammar, when what you want to be asked is Kings of England. »

 

La chaîne alimentaire qui tourne en rond :

« On this evening the chief forces of the island were disposed as follows. The lost boys were out looking for Peter, the pirates were out looking for the lost boys, the redskins were out looking for the pirates, and the beasts were out looking for the redskins. They were going round and round the island, but they did not meet because they were all going the same rate. »

 

Foutage de gueule permanent :

« The pirate attack had been a complete surprise: a sure proof that the unscrupulous Hook had conducted it improperly, for to surprise redskins fairly is beyond the wit of the white man. »

 

Les interventions de l’auteur, qui fait passer le ludique de la fable au sujet :

« Let us now kill a pirate, to show Hook’s method. Skylights will do. As they pass, Skylights lurches clumsily against him, ruffling his lace collar; the hook shoots forth, there is a tearing sound and one screech, then the body is kicked aside, and the pirates pass on. He has not even taken the cigars from his mouth. »

« To describe them all [their adventures] would require a book as large as an English-Latin, Latin-English Dictionary , and the most we can do is to give onea a specimen of an average hour on the island. […] Which of all these adventures shall we choose ? The best way will be to toss for it.
I have tossed, and the lagoon has won. This almostmakes one wish that the gulch or the cake or Tink’s leaf had won. Of course, I could do it again, and make it best out of three; however perhpas fairest to stick to the lagoon. »

 

Comme quoi, contrairement aux Petits écoliers, le bouquin de J. M. Barrie n’est pas que pour les enfants. Qu’on emmerde doublement, parce que les biscuits Lu – Côte d’or sont cent fois meilleurs. (Il y a des associations, comme ça, qui ont du bon ; je recommande la tuile chocolat noir-oranges confites, aussi, dans la même collection, et il faudra que je goûte les cookies Granola)