36 décembre 2008

Le 31 décembre a beau revenir régulièrement et être donc par là prévisible, c’est toujours la loose. Il est 17h00 passé, je suis toujours en pyjama avec le cheveu gras (mais les mains très douce pour cause d’essorage de tomates séchées – ce qui, à dire, a l’air bien plus classe que l’essorage des carottes rapées à la cantine, mais qui l’est en fait beaucoup moins à faire). En général, on sait la veille ce que l’on fait. Cette année, on l’a su bien plus tôt, et pour compenser cette belle organisation, mon *boulet power* m’a poussée à me proposer pour faire des cakes salés. Cela paraîtra basique à tout le monde, mais j’adore les céréales et le fromage en plat unique, j’idolâtre le micro-ondes et je rends un culte à Picard – je fais la cuisine tous les 36 du mois, en somme. Même des crêpes s’avèrent challenging pour mon incapacité notoire ; la dernière fois, j’ai dû faire disparaître les preuves compromettantes et je suis arrivée au dîner déjà bien calée. Définitivement, il y a deux types de personnes : celles qui font les gâteaux et celles qui les mangent. Les premiers peuvent également faire partie des seconds mais ces derniers sont totalement dépendants des premiers.

Donc cake salé. Il faut imaginer le roquefort qui colle aux doigts, les câpres dans la passoire, l’hésitation sur le nombre de tours de moulin à poivre, l’épluchage des poires (amélioration à peine visible par rapport aux pommes de la tatin de l’année dernière), l’angoisse devant le cake qui n’est pas cuit à l’heure dite, alors que la lame de couteau doit ressortir sèche, que le dessus a passé le cap du doré et que le roquefort bave des petites bulles à la surface. Tension indépassable entre pas assez cuit à l’intérieur/ cramé dessu. Ne parlons pas du démoulage avec un moule qui accroche – avant que le cake soit refroidi, puisque le second attendait avec le cri désespéré de la câpre noyée dans un océan de gruyère. Le roquefort-poire-noix n’a pas apprécié d’être expédié et nous a fait un petit abcès sur le côté. Après avoir mis le dernier monstre au four, je me suis fait un thé, parce que bon, hein. Et puis mangeons à même la nappe plastique, je nettoierai tout après. Je préfère ne pas penser que mon shortbread avait un vague arôme de tomate séchée. A présent, monstre II fait le même caprice et joue au dur à cuire – alors que lui ai donné un coup de couteau, ça lui apprendra. Bref. Le faire part de décès du deuxième cake ne va pas tarder à arriver. Je vais vous laisser pour aller finir de me flinguer le dos en me lavant les cheveux. Parce qu’on ne peut pas faire la cuisine quand on est grande, les plans de travail sont trop bas. J’ajouterai cela à mes récriminations vaines où figure déjà les fauteuils de train faits pour les gens bossus, affalés, ratatinés et hautement inconfortables pour les autres.

Voilà, si mes cakes ne le sont pas, du moins grâce à eux (comparativement) l’année à venir devrait être bonne.