Gaufre de Bruxelles

 

 

Mais non, je ne vous ai absolument pas floués avec le titre de ce post : ne voyez-vous pas les alvéoles carrées de la gaufre dans toutes ces fenêtres à petits carreaux des façades de la Grand Place ?

N’ayez aucune crainte pour ma santé mentale morfale,  je n’ai pas manqué de manger une vraie gaufre ; il ne va pas neiger, c’est déjà fait :

 

 

Gaufre au sucre, donc. Croustillante à l’extérieure, brûlante et à peine cuite à l’intérieur, comme un de ces chichis qu’on ne trouve qu’à Sanary, parce que « chez Noune, les chichis ont un goût de paradis ». Les madeleines peuvent aller se rhabiller.

End of the (London) week-end

Parce qu’il faut bien en finir avec ces posts à retardement, un dernier pot pourri…

 

Smart ou snake.

Photobucket

 

Fun, si vous aussi vous avez une connaissance sémantique assez restrictive de « relatives » :

 

À deux pas d’impasses que nous avons nommées le Londres de Dickens (des maisons en brique en série, noir comme si l’on s’y chauffait encore au charbon, une bicyclette qui traîne avec les poubelles), des immeubles en carton ondulé :

Claqués, deux heures avant de prendre le train, nous nous sommes posés chez Peyton and Byrne dans la galerie de King Cross. Comme Palpatine veut toujours faire ce-qu’il-faut-faire et que L. a bon goût, il a pris un fairycake (cupcake au nom duquel on a donné un coup de baguette magique) et, choix inopiné, en pensant fort à Inci pour ce nouvel usage du lemon curd, j’ai dégusté un délicieux lemon and poppy cake. C’était le met de la fin.

Ça me bouffe.

 

La Pâtisserie Valérie, en français dans le panneau, est une Pomme de pain anglaise. En plus cupcake. En plus crémeux. Pour tout dire, les gâteaux ont même l’air franchement dégueux dans la vitrine. Surtout quand on revient de chez Richoux, trois magasins plus loin. Mais Pink Lady ayant plaidé la cause de leurs scones (pas mauvais, il faut bien le dire, quoiqu’un peu gras une fois qu’on a englouti ce galet bourratif 1), j’ai bien voulu tenter un plat sur le pouce avant de les goûter. Ils ont un sandwich poulet- poivron rendu dément (à son échelle de sandwich mais ils sont maintenant si perfectionnés…) d’être tartiné non pas de margarine ou même de beurre mais… d’houmous !

Je suis donc revenue sur mon a priori. Cependant, si je fais volontiers un détour par la Brioche Dorée avant d’aller à Garnier, quand on me dit « salon de thé », je pense davantage à Dalloyau ou à Mariage Frères (leurs scones sont délicieux ; même allure que chez Valérie en plus digeste)… donc plus à Fortnum and Mason qu’à Valérie. Pourtant, quand mon quart d’heure tête de mule est passé et que j’ai goûté le thé qu’avait commandé Palpatine, force a été de reconnaître qu’il était délicieux, voire meilleur – mais aussi, quand je pense au thé, je pense d’abord aux gâteaux qui l’accompagnent : où est mon carrot cake ?.

Alors avec le souvenir d’un petit-déjeuner englouti sept heures auparavant et une attente qui commençait à s’éterniser, avec des trucs crémeux qui circulaient autour de nous et dont la simple vue commençait à m’écœurer, trucs crémeux qui allaient me faire grossir sans m’avoir auparavant fait plaisir (si c’est le cas, je ne regarde plus à la dépense -calorique), l’estomac sur pattes bourgeois que je suis, contrarié par ce qu’il avait rêvé et n’était pas, bien davantage que par ce qui était, a pété un câble et je suis partie feuilleter des bouquins dans la librairie la plus proche pour me calmer, après avoir planté mes acolytes sans autre forme de procès. Toutes mes excuses à Pink Lady (c’est tout aussi impoli envers Palpatine, me direz-vous et vous aurez raison, mais lui sait d’expérience que ce n’est pas dirigé contre lui). Cela fait un certain temps que je pense à un post sur les pensées d’un estomac sur pattes mais il faudrait vraiment que je le rédige pour qu’il y en ait un mode d’emploi et qu’on sache si et quand cette chose vorace va vous péter entre les doigts.

Blague à part, il faudrait que je trouve un moyen de résoudre l’antinomie ‘être contrarié dans ses désirs/ vouloir faire plaisir aux autres’, sans chercher à retourner le « non » qu’on pourrait leur opposer simplement (« non, je n’ai pas envie de danser dans ce numéro là », « non, je préférerais aller ailleurs que chez Valérie »…) en colère contre ma petite personne à la fois égoïste (ou despotique, comme on voudra) et incapable de le reconnaître en face à un moment donné (parce que les autres n’y sont pour rien si leurs envies ou décisions vont en sens contraire et contredisent les miennes, c’est normal ; c’est toute seule que je me contrarie). Ce qui finit au pire en crise de larmes, au mieux en petit être hargneux et désagréable. L’image de cocotte-minute de Palpatine n’était peut-être pas si mauvaise en fait. Sûr, c’est moins sex que la cocotte, mais là, c’est cuit.

– Hé, ma cocotte ! Minute !
– … ?
– T’es pas sur un divan rouge, là. L’est même orange ton layout.
– Justement. Out ! (c’est évident qu’une morfale est une chieuse en puissance, non ?)

1 Pas de mauvais esprit, pas de comparaison avec Richoux, mon choux. (Silence) Richouuuuuuux !

Goûter un concert(o)

 

Maki.

La faute à Billy Budd : le concerto pour violon en ré majeur de Benjamin Britten m’est apparu sous un jour aquatique. Rassurez-vous, cela n’a rien assourdi, ni les percussions ni les archets, bien au contraire, et les chuintements ténus du violon de Janine Jansen, visiblement dans son élément (avec sa robe d’écume noire), se sont bien propagés ; j’étais dedans !

 

Sabayon.

L’Italie de Berlioz ou d’Harold, je ne sais, m’a parue quelque peu académique. C’est pendant que l’altiste soliste, planté bien droit, convoquait montagnes, ruines ensoleillées et autres paysages, que j’ai pensé à une métaphore culinaire pour exprimer ce que j’appelle d’ordinaire de la musique au partitif. Vous reprendrez bien de la musique ? C’est très lié et sans grande saveur : de la crème anglaise. Je trouvais que cela allait parfaitement pour une Italie importée d’Écosse jusqu’à ce que le deuxième mouvement vienne me tirer de mes considérations. La « Marche des pèlerins chantant la prière du soir » a cette beauté bouleversante du liturgique observé de loin, uniquement sous un jour esthétique. La nuit et la lueur jaune-orangée des vitraux d’une église. Une lanterne d’Aloysius Bertrand, peut-être. Un secret dont on aurait perdu le sens et qu’il faudrait répéter pour ne pas l’enfouir et permettre à quelqu’un, un jour, de le découvrir.

Mais comme toute beauté éphémère, la procession s’est éloignée de portée d’oreille, la parenthèse s’est fermée, la chuchotement a été recouvert et c’est pendant les deux derniers mouvements que j’ai décerné le maki, délice algué, à Benjamin Britten et transformé la  crème anglaise en sabayon, pour que le deuxième mouvement s’y découvre comme quelque fruit savoureux au milieu d’une crème pas mauvaise mais sans litote.

En bis, la suite pour violoncelle n°1 de Bach – pour violoncelle mais à l’alto. Je me demandais si j’allais l’entendre un jour en concert. Je me demande à présent si je l’entendrai un jour en concert jouée lentement, avec des moments très étirés presque en chute libre avant d’être rattrapés in extremis par le crescendo, histoire de nous donner le vertige. C’est comme avec les feux d’artifice, il faut apercevoir la retombée pour apprécier la fusée suivante – sinon c’est courir droit à la jouissance en oubliant le plaisir.

 

Farfalle tonde.

Ravel sert à Daphnis et Chloé un plat de farfalle tonde, c’est une évidence au-delà des mots (j’avais la forme de la pâte et pas le nom). Des formes riches et rondes qui miroitent avec force, c’est une mer déchaînée de tableau impressionniste ou un plat de farfalle tonde. Un moment fort, au figuré comme au propre.

Un tea tour à Londres

 (les posts des musées de Vienne viendront plus tard)

 

Pour se reposer d’une journée de marche : des scones, chez Richoux. Palpatine a découvert la clotted cream et n’a pas tourné autour du pot. Tant qu’ils sont chauds, je les aime encore mieux nature, pâte et raisins. C’est comme les Panzani, impossible de s’en lasser.

Pour continuer à faire du shopping : un muffin caramel et noix de pécan de chez Fortnum and Mason. Se lécher les doigts après avoir raclé avec l’ongle les rainures du papier, avant d’aller tirer de la boutique l’énergumène qui devrait lui aussi en manger pour trouver des chemises à sa taille.

Pour suivre les conseils d’Ariana : un carrot-cake, de chez Fortnum et Mason encore. Comme on s’est rendu compte que ce n’était pas possible de le manger à la main, on a ramené la part dans le train. Une table et deux cuillères plus tard, il a fallu se rendre à l’évidence : moelleux et doux à souhait, sucré et citronné juste ce qu’il faut, ce gâteau est à lui seul une raison* de retourner à Londres, pour le déguster assis au salon de thé. La Sachertorte peut aller se rhabiller.
Puis des toasts de marmelade de citron vert -j’ai bien dit marmelade, pas lemon curd- par curiosité pour les deux pots que nous avait commandé Ariana, chez Fortnum and Mason, toujours. L’acidité est neutralisé par le sucre, qui n’en est plus écœurant comme dans la marmelade d’orange. Epathée.

 

La lime marmelade est une parfaite transition vers le petit-déjeuner : j’ai rapidement vérifié que c’était bien du porridge que je mange quand je me fais chauffer des flocons d’avoine avec du lait (le plus qui fait frétiller la moustache de la souris : une touche de Nesquick ou pire mieux encore, une noisette de Nutella), avant de reprendre mes Weetabix et de m’attaquer aux pommes paillassons, aux œufs brouillés tout mousseux et autres légèretés de l’English breakfast.

 

Et pour un bon repas, direction Mayfair : the Market Brasserie, à Shepherd market, sert un risotto au gorgonzola et aux épinards, qui tue tout – meilleur qu’en Italie. Le poulet cajun grillé d’un autre risotto est également une tuerie. Les clients et les serveurs sont sympas, en particulier le Marocain qui explique la présence de petits tableaux parcourus d’inscriptions en français dans le texte.

Enjoy your meal !

 

 

* Parmi les moult raisons de retourner à Londres :

  • étrenner la valise orange reçue pour mon anniversaire

  • manger un fish and chips

  • aller voir une pièce au Shakespeare Globe theather

  • retourner voir l’ENB et le Royal Ballet ; et pourquoi pas des musicals en plus des ballets

  • trouver Freed et des pointes à ma taille

  • quadriller Notting Hill

  • écumer les librairies

  • vérifier si je partage l’avis de Melendili sur les dédicaces des bancs de Hyde Park.

  • autres (les suggestions sont les bienvenues)