La parfaite Albion

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Impression d’être moins repartie que revenue à Londres pour le nouvel an.

 

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L’Eurostar s’est tenu à carreaux. Pas de neige, pas de retard.
Palpatine et moi nous tenons aux deux spectres des us vestimentaires locaux :
classe et bien coupé vs fun et déluré. Ici, mes collants écossais passent incognito.

 

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J’aime (d’)autant (plus) ce métro que Palpatine le déteste.
Esprit de contradiction.
Esprit British.

 

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Tour à l’entrée de la British Library (le Teckel nous racontera l’intérieur).
Je l’imagine davantage peuplée de David Lodge en puissance que d’universitaires renfermés ;
ça sniff bon la culture, pas le moisi.
Je veux bien qu’on m’offre toute la boutique.
Quoique, vu la densité de population de ma bibliothèque,
perhaps I should rather adopt a book.

 

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Une Anglaise, des anglaises.
Un mémo pour Palpatine,
qui préférera les Anglaises aux anglaises
(mais les Parisiennes aux Londoniennes).

Faire du shoot-vitrine

 

Hermès nous fait une vitrine dans l’air du temps pluvieux,
avec des parapluies en emballage de fish and chips.

 

 

En face, des chaussures animées piétinaient dans la vitrine de Vuitton.

 

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Non, ne vous pincez pas, en plus de proposer du beau linge, Harvey Nichols a des vitrines délirantes.

 

 

 

Arcimboldo principle,
l’objet redonne au matériau dont il est issu sa forme première :

 

 

Sans langue de bois, le crayon fait l’arbre ;

 

 

les cassettes audio connaissent la musique, elles composent le piano ;

 

 

et le livre fait de chacun le lecteur de lui-même.

 

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Last but not least, l’aménagement complétement déjanté de chez Juicy couture
(27 Bruton street, pas loin de chez Stella Mc Cartney – la petite robe bleue a disparu).

 

 

Les photos sont interdites par la direction, mais le vendeur (qui a ensuite immédiatement conclu à une « bad cut » lorsque je lui ai expliqué pourquoi je n’allais pas transformer en achat l’essai de la robe) a fermé les yeux pour que j’en prenne tout de même une à la dérobée. Cela vaut la peine d’y faire un (dé)tour pour tout ce dont vous n’aurez aucune image : les cabines d’essyage avec bergère et papier peint toile de Jouy, cerf empaillé à tête de lapin, ombre rose d’un cavalier sur le mur, ou encore collerette en plumes collée sur un tableau à l’huile bien lisse… So british que cela ne parvient pas à être kitsch. I just love it. Je n’acheterai pas leurs fringues, mais j’embaucherais bien le décorateur.

Si j’avais vingt-cinq vies, je serais conceptrice de vitrines dans l’une d’elles ; finalement, une école de commerce peut déboucher sur quelque chose de fun et créatif.

Je stoppe, tu stop, il spotte

You’d better stop ! pour que les Don Quichotteries sur le toit de l’Opéra ne se transforment pas en sketchs toonesques.

 

Vienne et surtout Londres ont confirmé ce que Berlin avait annoncé : Palpatine est un spot-addict. Dès qu’un bâtiment remarquable ou une vue surplombante pointe le bout de son museau sur une carte ou au bout d’une rue, il faut approcher la curiosité, et s’assurer qu’elle ne nous prenne pas de court en la prenant en photo.

Au début, je trouvais irritante cette manie touristique qui nous rapprochait sans cesse des lieux communs, i.e. banals et surpeuplés, quand bien même désertés par les populations indigènes. Videndum est ; comme s’il était besoin de s’embarrasser d’adjectifs verbaux en vacances… Impératif d’autant plus pressant qu’il est pressé : les photos sont arrachées au spot, c’est à peine si l’on prend le temps de cadrer.

Tout à l’heure au téléphone, Melendili me racontait son voyage à Londres et notamment le premier jour où, G. et elles ont joué à Où est Charlie devant Big Ben, Où est Charlie devant Tower Bridge, Où est Charlie à Westminster Abbey etc. parce que G. s’était fait payer le voyage par sa tante et qu’il fallait bien une caution de visite avant de se lancer dans le shopping, de flâner dans les parcs et d’écrémer les salons de thé. Mais Palpatine n’a de comptes à rendre à personne (hormis son banquier après avoir descendu Savile), aucune souris n’a été volontairement cadrée dans le viseur (sauf une dont je me passerais et dont j’interdis la diffusion), et on serait bien en peine de trouver un autoportrait dans la memory stick de son appareil.

 

Moment de flottement, donc, sur le beau Danube parfois bleu.

 

Et puis, en le voyant étudier la carte de Londres pendant une bonne vingtaine de minutes dans l’Eurostar, j’ai compris que sa manie de spotter n’était pas superficielle mais plane. Les points remarquables deviennent autant de repères qui organisent l’espace, et l’absence de cadrage, des plans larges qui replacent le lieu dans son espace – ce que signifie en réalité l’envie de « montrer comment c’est réellement ». Bref, zoom out. Le spot n’a d’intérêt que par rapport au non-spot. Il s’ensuit que :

  • le spot en lui-même, on s’en colle un peu (agaçant quand on a marché des kilomètres pour le trouver, agréable lorsque cela m’évite de visiter à nouveau le palais de Schönbrunn en lui-même, et permet une plus longue promenade dans le parc). Un clic-clac et ça repart ; pas besoin d’aller sur Mars.

  • Vienne a mis le spotteur dans l’embarras. Dans les rues d’immeubles massifs et meringues, tout est spottable, et rien ne l’est. Rien en particulier, pas plus le mastodonte jaune sur la droite que l’archi-ouvragé blanc sur la gauche ; c’est le Ring, Palpatine tourne en rond et shoot ses adversaires au hasard. Il s’est alors trouvé dans l’obligation, pour conserver son concept, d’en inventer une nouvelle variante : le spot homéopathique, dilué dans la ville.

 

Au pas de course, Mimy se prend pour Cortex
(et je déteins, parce que ce n’est pas moi qui ai ensuite eu l’idée de cadrer les touristes sous les sabots du cheval pour les écraser)

Vu ainsi, tout en participant au safari-photo, je peux moi aussi jouer à Où est Charlie ? Œil pour œil, sans aucune dent, je préfère poursuivre ma spécialisation ès cadrages bizarres ; les détails qu’ils découpent trouveront toujours dans ses photos les plans panoramiques dans lesquels ils se réinscrivent. Conclusion : j’ai épuisé les piles de mon appareil en réglage de zoom, Palpatine a grave spotté, et ce verbe barbare (ou barbarisme verbeux) m’a collé une affreuse ritournelle dans la tête, « on va spotter ! sur une étoile ou sur un oreiller… ».

 

Pause pub

(on ne voit pas très bien avec le contre-jour, mais le montage est fort bien réalisé, les fruits ne font pas vieilles peaux)

 

Au pays de la Wurst aussi, on prescrit cinq fruits/légumes par jour. Pour atténuer la folie des alicaments, on rappelle que ce sont les merveilleux fruits de notre nature, même si parmi les arbres l’on aperçoit juste derrière le panneau un pylone en béton très assorti au gris de la plaquette. Pour faire passer la pilule, messieurs, vous pourrez toujours l’avaler avec une nana bière de votre choix :

 

Vues de Londres et de l’esprit

 

Dans le subway : des lunettes noires et carrées qui tentent de faire rentrer dans des cases la chaire informe d’un visage ; un pantalon écossais ; une casquette de marin avec sa cordelette ou son ancre jaune (la mémoire ne sert pas toujours pour les finitions) ; des chaussures dorées. Tout cela sur la même personne qui effeuillait, en les tournant à coups de poing ouvert, les pages de son journal, rapidement lu, donc. A temps pour aller croire à son utlilité, proclamée par le badge de membre d’une association caritative. Un pantalon écossais, des chaussures dorées, de grosses lunettes noires et une casquette de marin, pour mémoire – avec une ancre jaune, my yellow subwaymarine.

 

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a) fusée
b) oeuf de Pâques extraterrestre
c) suppositoire géant

 

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Dans une autre vie, je me réincarnerai en pingouin ; j’aurai des impressions étranges, le dos cartonné et peu de marges, mais j’aurai une couverture gauffrée inventive et je me collectionnerai : je serai un Pengouin book (mais pas un Rousseau).

 

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Sous les feuilles vertes et flottantes d’un platane urbain, des cheveux et un genou relevé sont adossés à une grille noire, au coin d’une rue dont le nom est resté à côté d’un petit blason rouge, sur une plaque blanche que ma vue surplombante m’a empêché de lire. Après une hésitation trop prolongée, j’attrappe mon appareil photo, mais le bus à deux étages n’a pas encore redémarré que la figure de l’attente a été recouverte par un homme qui la masque et l’embrasse. Ebranlement ; le bus jette quelques feuilles que l’avancée des non-événements.

 

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Dans un coupe-gorge :
des amants côte-à-côte
à contre-nuit contrée de lumières oranges
et peut-être des gorges serrées.

 

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On aurait pu croire, mais non, ce n’est pas la Tamise qu’a peint Van Gogh.

 

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Il arrive un parapluie violet à la tige métallique, garni de guirlandes de fleurs blanches et roses comme le pourtour d’un chapeau. Il passe et, au lampadaire suivant, descend sur un couple qui s’abrite de la pluie et de la cohue de trottoir, évite de justesse une nouvelle boule de fleurs suspendues. Penchés comme s’ils fuyaient en cachette, ils ne l’ont pas été encore assez pour dérober le secret des fleurs arrachées.

 

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