Il y a des indices qui ne trompent pas : maman avait acheté un guide sur la Corse. On achète toujours un guide avant d’aller visiter des pays étrangers. Au cours des voyages, on a développé une telle relation avec les Hachette tourisme qu’on appelle chacun le « petit guide ». Certes, cette fois-ci, ce n’était pas un Hachette. Et il était plus succinct. Il contenait des cartes. Car l’île à beau n’être pas très grande et les routes n’être pas très nombreuses, les indications ne le sont pas non plus. Pour ne pas vous perdre entre les paysages de mer et montagne (encore un indice : vous parlez souvent d’un paysage à Paris ou même sur la Côte d’Azur ?), vous disposez des quatre points cardinaux incarnés par les villes de Bastia, Porto-Vecchio, Bonifacio et Ajaccio, respectivement nord, est, sud et ouest. Entre-deux, on s’en remet à la chance ou aux indications des locaux – qui, par un mystère de linguiste, s’obstinent à ne pas prononcer la dernière voyelle des noms : vous allez à Cala Rossa, eux à Cala Rosse, chacun sa plage. Mais comme les gens sont adorables, vous devriez vous en sortir. Bien sûr il y a quelques maisons plastiquées pour le folklore local, des graffitis du FLNC et quelques messages de bienvenue comme « Corse is not France. Corse is not for sale. » (On notera le souci grammatical de l’auteur de ce message – Corse isn’t France, indeed, it’s French). Mais cela reste très marginal – peut-être un mythe qui permet de préserver le littoral ? A moins que le nouveau bouc émissaire soit italien : également croisé la charmante équation « Italiens = irrédentisme = occupation ». Pas d’inquiétude cependant, j’ai passé trop de temps sur la plage pour réaliser une étude sur l’idée d’indépendance en Corse… la preuve en images.