La SCNF a encore frappé.

Ou pourquoi il aurait pu qu’un accident de personne à Vierzon rajoute quelques difficultés sur le trafic.

      On connaît déjà le célèbre Rentre Avec Tes Pieds, slogan non officiel mais poignant de vérité du réseau de transport parisien. Le sigle SNCF quant à lui ferait plutôt penser au bruit d’une rafale de kalashnikov. Non ? Subjectif il est vrai.

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Levée à  6h30. Austerlitz à 8h30 pour 9h00. Trop beau pour durer. (parce que pour attendre, ce n’est pas trop beau mais trop froid). Un incident technique suspend la criculation jusqu’à nouvel ordre. Inutile de préciser que le nouvel ordre tarde à venir. Et d’abord, y avait-il un ordre initialement ? Allons quérir un agent SCNF. Le nouvel ordre ne surviendra pas de la matinée, c’est assuré. Peut-être cet après-midi. Mais ça, on se garde bien de l’annoncer, c’est beaucoup plus drôle que les poireaux que nous sommes se transforment en frosties géants.
Dans la famille des empotés, je ne tourne pas autour du pot, je demande la guichetière. Reconnaissns lui du moins le mérite d’être aimable. On reconnaîtra surtout une débrouillardise inespérée de la part de sa collègue qui nous dégote un autre billet. Bonne pioche, je rejoue. Direction Montparnasse pour le train de 11h00. Et vous n’en reviendrez pas : le train a démarré. Encore plus étonnant : il a roulé sans encombre jusqu’à destination. C’est cependant compter sans le retour.

      Retour
Train à l’heure. Changement. Autre train à l’heure. Comme le temps n’était pas à la neige, il a bien fallu que le miracle cesse. Comme vous avez pu le remarquer, les lumières clignotent depuis un moment (excellente excuse au demeurant pour refermer les Misérables et jouer avec son nouveau lecteur MP3), cela est du à une avarie technique. Nous nous arrêtons donc en gare de Vierzon pour la réparer. Il y en aura pour une demi-heure. Malheureusement, le temps de la SNCF ressemble étrangement à celui de Skyblog. Au bout de vingt-minutes, la demi-heure perd sa demie. On nous annonce que le train ne pourra rouler à la vitesse réglementaire. Il vaut mieux attendre le temps réglementaire alors. C’est beau une heure, ça fait un compte rond.
      Une heure donc. Les fumeurs descendent sur le quai pour se tuer à petit feu afin d’éviter d’ouvrir le feu sur les agents. Je me venge sur mes Granolas au chocolat noir – un vrai Granola reste cependant au chocolat au lait, de même qu’un Pépito se doit d’être noir. Quelques étirements dans le wagon –en toute discrétion – mais ce n’est pas ma faute, ils ont mis des barres dans l’espace de convivialité (sic!). Une fille ayant probablement une soirée écourtée en perspective (que d’illusions!), branche son fer à friser pour une mise en plis express, mais l’électricté étant coupée pendant la durée des réparations… chou blanc.
      Soixante minutes d’attente en plus et une trentaine de crédit en moins ; nous repartons.      
Annonce ennuyée : pour les gens ayant des correspondances en gare de Paris Austerlitz…

         ils sont dans la merde, commente un voisin sur ma droite.

C’était un résumé plus court que l’énoncé qui égrène chaque destination, assortie à des horaires assez futuristes ou de gares à l’autre bout de Paris. Ce que j’aime chez la SNCF, c’est sa prose tout en périphrase.  Les gens à direction de… seront pris en charge par la SNCF. Quelle chance ! Vous allez pouvoir aller à pattes admirer les illuminations et coucher touts frais payés dans un hôtel/dortoir de la capitale. Les gens à destination de… auront une correspondance à 20h38 ou seront également prises en charge si le retard est un peu plus dramatique. C’est ce qu’on appelle avoir le sens de la formuleDes agents SNCF sont à votre disposition et passeront dans le train… en gilet pare-balles j’espère pour eux. Ca n’a pas fini de finir mais nous avons enfin débarqué sur le quai et dans la pluie, en symbiose avec le scénario. Par pitié, oubliez la touche re-play.

     Le numéro complémentaire
Essayer de chercher une info sur le site SNCF pour organiser un tant soit peu le réveillon.

 La SNCF a encore frappé. La prochaine fois, ce sera moi.

 

« Puisque je suis épaisse comme un sandwich SNCF » (savez-vous de qui est l’expression ?) , je vous propose de changer la violence physique en violence verbale. Le concours est donc ouvert. Faites feu sur l’acronyme !!

Le spectre du concours blanc

       On en a envie depuis longtemps, on les réclame très fort depuis la semaine dernière, les vacances sont arrivées. Ca fait presque bizarre, de terminer comme ça brusquement sur une épreuve d’allemand (ça me rappellerai presque le bac pour un peu). Pour un peu, j’irai presque lire quelques pages du remplaçant d’Afriques noires [si vous n’avez pas suivi, c’est que vous êtes sourd : rattrapage ici], j’ai nommé La France : permanences et mutations. Presque. Tout est dans la nuance. Au bout d’une semaine de concours blanc, vous maîtrisez la nuance ou du moins les transitions acrobatiques entre des sous-parties, ou plus grave des parties entières in-raccordables. Mais dans une certaine mesure…. Certes, cependant… pourtant il convient de nuancer ce jugement… il n’en va pas de même pour… nonetheless… zwar, aber… sans oublier le mythique non solum sed etiam !

Un bilan du concours blanc ? Bah, on en a vu de toutes les couleurs. Petite décomposition prismique.

Rouge : la couleur de nos visages dans la chaleur estivale de la salle 309. C’est que l’activité intellectuelle, ça dégage, nous rappelle notre cher prof de français. Vous n’ouvririez pas les fenêtres ?
Autres mots-clefs : les yeux rouges à la suite de crises de nerfs ; les boules de Noël du sapin du hall ; le fourrage suspect de la tulipe de saumon au repas de Noël.

Orange : la grande tendance de cette année : la clémentine remporte tous les suffrages. Votre amie pour éviter d’avoir pris 10 kg à la fin de la semaine (du jeudi à jeudi) ponctuée par le repas de Noël. Et qui fout plein de jus sur votre table, mais soyons positifs, ça emporte les miettes de gâteau. [Du trafic de gateau d’ailleurs pendant les épreuves. Eh oui en hypkhâgne, l’économie n’est pas (toujours) monétarisée.] Autres mots-clefs : assortis aux clémentines, le pull et chaussettes de l’as de trèfle ; les « intro » et « ccl » au stabilo de Calliope.

Jaune : Fais gaffe, t’as un truc jaune. Blague désopilante adressée à I. qui portait un T-shirt jaune et si horripilante que Thalie et Erato n’ont pas manqué de me la ressortir avant chaque épreuve pour cause d’élastique jaune dans les cheveux.

Vert : couleur du yaourt de notre prof d’histoire, qui a purement et simplement pique-niqué devant nous. Le déjeuner du Roi, bien installé sur son estrade a comporté par la suite un yaourt mamie nova au miel, un Tupper wear gros comme un bac de salade avec des trucs non identifiés dedans * là tout le monde relève la tête, poussé du coude par son voisin, et se marre… le prof s’arrête la fourchette en l’air et d’un air très stoïque nous intime : « Ne vous laissez pas déconcentrer ». * et enfin de saumon fumé *on se se refuse rien*. Heureusement qu’on n’a pas eu le lever du Roi…
Autres mots-clefs : les bonnets de Noël portés à la cantine, verts. Fêtons Noël écolo.

Bleu : pour l’encre qui a coulé à flots. Je ne vous raconte pas le nombre de cartouches. Et les munitions qui viennent toujours à manquer au moment critique, en pleine transition (voir plus haut) ou en pleine attaque. La guerre des boutons (rayé, quoique…) des mots. « Battez vous avec le texte ! » nous encourage notre coach de latin. Ma crise de fou rire en pleine épreuve n’a pas désarmé le texte et ma voisine n’a bizarrement pas consenti à recevoir un coup de Gaffiot sur le crâne. Véritable épreuve de force, le texte a pourtant fait des victimes et certains se sont déclarés KO. Quelques écroulments sur le ring, le Gaffiot constituant un appui d’une hauteur parfaite pour servir de cale ou d’oreiller. [Mol ou dur, je vous le demande bien – ça, c’est la suite de cette histoire] De toute façon, la vérité et la note qui va avec s’obtient par « la souffrance, la patience et le travail du négatif ». Comme dirait l’as de trèfle ou le ptit génie : « Je souffre, là, je souffre ». A votre avis, pourquoi ça s’appelle une épreuve ?
Autres mots-clefs : le ciel grec en ressortant de l’épreuve fratricide du latin mercredi ou encore le ciel tout plein de brouillard duquel émerge la pointe d’une église…
(en même temps, à Versailles…)
( aaaaaaaaah Proust !)
… éclairée par un rayon de soleil. Le genre de paysage qui vous suggère qu’il existe sûrement une divinité quelque part, même si en l’absence de toute révélation, il n’y aura aucun éclair de génie dans votre copie.

Violet : les cernes, incontestablement.
Autres mots-clefs : la belette !! –> allez donc faire un tour chez Thalie.

Blanc : nos têtes livides, particulièrement après le latin, à l’exception notable d’Incitatus qui a failli se faire lyncher par les pains de la cantine quand elle a déclaré après l’épreuve s’être bien amusée. Tous les goûts sont à la cantine.
Autres mots-clefs : copie blanche. Je n’en ai pas vue…

Noir : y’a plus d’espoir ?
Si, si, c’est trou noir pour ce qui a précédé. Noir cinéma, noir réveillon, noir boîte, noir mascara.

Appelez-moi Rouletabille

There are some days, you tell yourself it’s good, there’s gonna be other days.Different other days.

      C’est officiel, je hais non cordialement les marches du lycée. Le contentieux est particulièrement fort avec celles de la cantine, que je considérais pourtant jusqu’à présent avec une relative clémence au regard de leur position antérieure à celles du bâtiment scientifique qui m’achèvent chaque jour.
      Alors que je descendais ces fameuses marches, je n’ai même pas glissé mais je me suis retrouvée à faire un roulé-boulé sur les marches, un peu comme les gamelles effet boule de neige au ski. Surtout que dans ces cas là, on se voit tomber. On voit la marche qui se rapproche au ralenti, comme dans les films –sauf qu’en général c’est pour une cascade héroïque ou un baiser, ce qui est autrement plus attractif. On a le temps de se dire Oh non, non, je veux pme casser la gueule. Surtout qu’en tombant en avant, tu ne retombes pas sur ton postérieur. (Douée en anatomie, je sais.) D’ailleurs fait étrange, j’aurais du tomber sur l’arrière-train, vu que le sac à dos aurait du jouer en corrélation avec la pesanteur. M’en fous, après-demain, je ramène mon Gaffiot. Un peu d’ordre dans ce monde de brutalité *chuis une vraie adepte de Lindt oui. Leur chocolat pâtissier est autrement meilleur que le Nestlé* Résultat des courses du riz au lait au chocolat : un avant-bras éraflé malgré la couche de protection pull-manteau <presque aussi poétique qu’une couche de sédiment de géologie africaine, non ?> et une bosse qui selon le point de vue apparaît soit comme un deuxième genou, soit comme une ébauche de mollet de l’autre côté de l’axe du tibia.
       Heureusement, voyons le point positif de la chose, ce n’était pas une heure d’affluence, donc pas de regard moqueur pour cette cascade de haut bas vol – <dash power !> juste un visage effaré. Et d’avoir la tremblote jusqu’à poser mon séant sur une chaise de la cantine. Réjouissons-nous, les carottes rendent aimables, peut-être un jour arrêterai-je de ma plaindre. Ou peut-être pas.

 

[Les jours se suivent mais ne se ressemblent pas.]
[Encore heureux.]

Pause – tableau historique.

Avance rapide. Les copies tournent autour des anneaux du classeur, comme soufflées par une bourrasque de vent. 25 copies doubles où se balance une petite écriture serrée, fine, dense, noire. 4 chapitres d’histoire. Tout un quart de programme. 

Rembobiner.

Lecture. Action ! Ca tourne, ça mouline. Ca dérape ; je patine :

Ralenti. Idée par idée. On est loin du 24 images à la seconde.

Lecture. Relecture. Récapitulation… c’est re-parti : capitulation. Je dépose les armes.

Pause. Goûter [à l’image suspendue ; Blanqui bien au chaud derrière les barreaux]. Je repars à la charge.

Lecture. La bande est raillée. Un trou de date.

Retour arrière. Lecture. Avance rapide. Lecture. Je change mon fusil d’épaule.

Pause. C’est de bonne guerre.  

[Lecture (du dernier chapitre) : futur.] [Arrêt. Fin des hostilités.] [Eject. L’armistice]

 

On a perdu pied, c’est à y perdre son latin

    J. de son ton le plus docte nous fait l’explication du texte d’Ovide*
Le poète des métamorphoses de l’amour est en exil et envoie son livre pour le représenter dans les lieux qui lui sont chers (l’amour du prochain, c’est pour une prochaine fois) : « Contigam certe quo licet illa pede. » = « J’y penetrerai au moins du pied qu’il m’est permis » Immanqueblement, ça devait mal finir, et pas que pour Ovide qui est mort en exil.
[…] et puis vers 16, il y a le jeu de mot sur « pede« . Ca suffit à ce qu’une partie de la classe le prenne, son pied. Après un coup d’oeil vers ses pairs, J. se mors la langue et poursuit. A son tour de s’emmêler les pieds. Non, on ne lui donnera pas de coup de main, trop heureux de rire les doigts de pied en éventail. C’est vraiment bête comme ses pieds un hypokhâgneux ! *heureusement que je fais de la danse*

* Les références pour les amoureux du Gaffiot : Ovide, Tristes, I, 1, vers 1-22 [je suis déjà morte de rire à l’idée de la mine déconfite que risque de faire celui qui aura tapé ces références pour obtenir bien tranquillou une petite traduction en tombant  sur cet article affligeant.]