National Gallery

Il est des documentaristes qui savent poser les bonnes questions. Il en est d’autres qui savent écouter. Si les murs de la National Gallery ont des oreilles, ce sont sans conteste celles de Frederickk Wiseman. Silencieux, il écoute et regarde. Cette scène de restauration, par exemple, où l’on s’épouvante de la couleur criarde que la restauratrice étale sur le tableau (ne se rend-t-elle pas compte que ce n’est pas du tout la bonne teinte ?), avant de comprendre qu’elle ne fait qu’ôter la pellicule jaunie d’un vernis qui masquait, après l’avoir protégée, la couleur d’origine.

Tout le film de Frederick Wiseman est sur ce modèle : il nous laisse découvrir ; nous laisse le temps de nous étonner avant de nous donner à comprendre. Jamais le sens ne nous est imposé, alors même que l’essentiel des trois heures est constitué de discours sur l’art : la parole est donnée à quelques conservateurs (qui ne font pas leur exposé pour la caméra mais d’autres personnes présentes avec eux, qui les comprennent souvent à demi-mot) mais surtout recueillie auprès des conférenciers (écouter, toujours écouter – un comble pour un film sur la peinture ?). Le plus curieux, c’est que l’on n’a pas du tout l’impression d’assister à une visite guidée filmée ; le documentaire n’est en rien l’équivalent cinématographique de l’audioguide. D’une part, parce qu’on nous mène dans les « coulisses » du musée, dans des zones où ne circule pas habituellement le public (atelier de restauration, atelier de dessin, installation des œuvres pour une exposition temporaire, réunion pour parler budget à équilibrer et potentielle participation à un événement de charité – quelle image ? Pour quel public ? Avec quelles retombées ?) ; et d’autre part, surtout, parce que le discours sur l’art devient le sujet même du film, une manière méta de s’interroger sur le sens que peuvent revêtir les œuvres d’art à nos yeux.

Personne n’a, à ma connaissance, relevé que le documentaire ne montre presque aucune œuvre de la section impressionniste. Cela n’a pas grand-chose d’étonnant si l’on considère qu’à force de discrétion (une discrétion remarquable), Frederick Wiseman nous amène à croire que sa présence n’altère ni les comportements ni la teneur des propos enregistrés (plus de biais cognitif, un rêve de scientifique – une illusion, en réalité, dont l’effet persiste bien après qu’on l’ait découverte). L’omission d’une aile qui fait beaucoup pour attirer les touristes est pourtant fort intéressante. Surtout quand on sait que le mouvement impressionniste, facilement déclinable en produits dérivés, a tout pour intéresser une boutiques de musée et que celle-ci n’est pas filmée, alors même qu’elle fait partie intégrante de l’institution. Frederick Wiseman n’est certes pas Martin Parr, mais tout de même… Quelque chose me pousse à croire que ce n’est pas un hasard, ni même une simple question de goût, si cette période, pourtant évidente pour les visiteurs, est laissée de côté : plus que l’affluence dans les salles, c’est cette évidence même qui pose problème. On a tellement été (j’ai tellement été ?) exposé aux impressionnistes qu’ils ne nous impressionnent plus. Ils ne nous interrogent pas. Ou plus. On n’a pas, devant leurs tableaux, les même expressions que celles que filme Frederick Wiseman dans les salles des anciens maîtres. Cet air un peu… bête ?

Perplexe, surtout : comment appréhender ces œuvres ? On prend la mesure de la difficulté avec la séance pour aveugles qui suivent, feuilles en relief à l’appui, la description par la conférencière d’un tableau que Frederick Wiseman se garde bien de nous montrer. Couleurs, formes, structure du tableau… malgré la précision des indications, il est extrêmement difficile de se faire une idée du tableau. Lorsqu’il nous est finalement dévoilé, on ne peut que constater l’écart avec l’image que l’on a mentalement reconstituée : d’un Pissarro, on a fait un Picasso. L’anecdote dit la difficulté à percevoir la structure, les dynamiques d’un tableau, tout ce qui, très concrètement, dirige l’interprétation, le sens, de l’œuvre. Et cela n’est pas qu’une question de handicap : même sans être mal-voyant, il faut se faire voyant. À la vue du tableau, on ne sait pas non plus très bien comment on s’y prendrait pour le décrire à quelqu’un qui ne le voit pas, car on ne le comprend pas immédiatement, dans son ensemble – pas avant d’avoir cerné l’effet qu’il produit sur nous et analysé les raisons pour lesquelles il produit cet effet. C’est à cela que doit aider le conférencier.

Parmi tous les extraits de visite, on s’aperçoit vite que certains conférenciers sont plus à même de nous intéresser que d’autres. L’artiste contemporaine qui raconte à une classe de collégiens qu’elle vient régulièrement au musée et que tous ces tableaux anciens sont encore une source d’inspiration pour la création d’aujourd’hui n’est pas très convaincante (malgré son enthousiasme), car pas un instant elle ne dit comment ni en quoi ces tableaux peuvent être source d’inspiration. L’érudition se révèle souvent bien plus passionnante : non pas parce qu’elle viendrait, par son savoir, combler une certaine ignorance, mais au contraire parce qu’elle met en branle le questionnement. Plus sont précis les détails sur les conditions de production, d’accrochage et de réception de l’œuvre, plus celle-ci devient mystérieuse.

 

Samson et Dalila, de Rubens

 

Commence alors une enquête du sens où le plaisir est similaire à celui que l’on prend à la lecture de Daniel Arasse. Tel conservateur donne l’impression d’ouvrir une porte dérobée lorsqu’il explique que le Samson et Dalila de Rubens, destiné à être accroché au-dessus de la cheminée de son commanditaire, a été peint en fonction de cet emplacement : le peintre a pris en compte la source de lumière qui viendrait de la gauche et a esquissé plus que dessiné la partie de droite, pour épouser l’ombre dans laquelle elle resterait. À partir de cet exemple, on comprend mieux les questionnements sur l’accrochage et l’enjeu de la mise en contexte via les cartels : lorsque techniciens et conservateurs jonglent avec les conditions d’éclairage et de sécurité (trop directe, la lumière risque d’endommager la toile ; indirecte, elle créé des reflets sur les vitres), agitant les mains et les appareils de mesure autour d’un triptyque, c’est pour trouver un compromis entre impératifs de conservation et conditions favorables à l’appréciation de l’œuvre. Encore que l’on puisse diverger sur ce qui importe : recréer des conditions d’expositions similaire à l’église dans laquelle l’œuvre était initialement exposée ou profiter du déplacement du lieu de culte au lieu de culture pour donner à voir l’œuvre de plus près ? Les choix qui découlent de ces interrogations indiquent d’eux-mêmes un sens, une piste de lecture.

 

Bellini

 

Si le mystère persiste, ce n’est plus à cause de l’opacité d’une œuvre qui ne nous parles pas (le conférencier parle pour elle) mais grâce aux (trop) nombreuses interprétations possibles. Pendant que l’on se hasarde à émettre des hypothèses, des interprétations, la polysémie de l’œuvre nous a fait entrer dans son intimité. C’est exactement cette relation de familiarité qu’un conférencier essaye d’établir entre son groupe d’enfant et L’Assassinat de Saint-Pierre martyr (Giovanni Bellini, 1507 – voir ci-dessus). Il les interroge non pas sur qui était Saint Pierre ou ce qu’il a fait, mais très prosaïquement sur les bûcherons juste derrière, en plein travail : pourquoi avoir mis ces bûcherons là, alors qu’ils n’ont rien à voir avec le sujet du tableau ? La question n’appelle pas une réponse unique et les suggestions, timidement avancées, sont toutes fort bonnes, nourries par les informations supplémentaires que le conférencier livre au fur et à mesure. Émerge l’idée que l’horreur est renforcée par le prosaïsme de la scène : occupés à leur travail quotidien, les bûcherons ne prêtent pas attention au meurtre et, par leurs haches, redoublent l’action (Saint-Pierre abattu comme on le ferait d’un arbre). Frederick Wiseman passe alors à une autre séquence, mais c’est gagné : initié à la logique du tableau, on a envie d’en apprendre davantage.

Lorsqu’érudition va de paire avec interprétation, l’admiration que l’on éprouve devant un tableau n’a plus rien à voir avec l’admiration muette qu’impose l’argument d’autorité « parce que c’est un maître ». Plus le discours est érudit, moins on se sent bête. En ce sens, on comprend la position élitiste du conservateur qui refuse de vulgariser pour démocratiser ; quelque part, ne pas mener les visiteurs à la compréhension serait les prendre pour des idiots sous couvert de les prendre en compte. Il est vrai aussi que la démarche n’est pas aisée, que cela prend du temps et que faire entrer le visiteur sous un prétexte ou un autre lui donne au moins une chance de l’amorcer. Tant pis pour le visiteur pressé, la National Gallery en veut d’autres, pourrait-on dire en paraphrasant Gide.

Aucune arrogance, pourtant, dans cette position. Le véritable savoir rend humble, parce que l’on se rend compte que tout ce que l’on sait, c’est que l’on ne sait rien. Qu’est-ce qu’un maître sinon celui qui, sachant cela, rend la parole ? Qui, après nous avoir coupé le souffle, nous rend la parole par les interrogations qu’il suscite ? Le meilleur discours sur l’art, au final, c’est celui qui nous enjoint à dialoguer avec lui. Et Frederick Wiseman de répondre à l’art par l’art, avec, dans les dernières séquences, la danse et la musique qui s’invitent au musée.

 Mit Palpatine

Pour retrouver les tableaux dont il est question, vous pouvez jeter un œil au compte-rendu hyper détaillé de ce club ciné.

Quelques pounds d’art dans un monde de brutes

The true mystery of the world is the visible, not the invisible.
Oscar Wilde

 

De Turner, je n’ai jamais vu que le mouvement, dans les peintures à l’huile, et la transparence, dans les aquarelles. Jamais je n’avais trop fait attention à la brutalité du coup de pinceau – l’absence de contours signifiait pour moi légèreté. Forcément, la surprise a été vive de découvrir le peintre incarné par Queudver. La bestiole, flanquée de rouflaquettes et d’un sacré tour de taille, plisse les yeux comme une taupe et grogne comme un ours. Il grogne tout le temps : pour remercier la servante qui attend d’être troussée, pour accueillir son vieux père qui lui prépare ses toiles, pour ne pas émettre son plus désagréable envers la caquetante mère d’une progéniture qu’il se refuse à reconnaître, pour accueillir un compliment, artistique ou badin, ou encore pour éloigner l’amateur d’art qui croit l’honorer de sa pédanterie. Analyse de la composition ? Il devient tout à coup urgent de se débarrasser des mouches mortes. Doctrine esthétique ? Disputons plutôt goûts culinaires.

Mr. Turner peint comme il respire : sans se poser de question, dans un perpétuel effort pour s’éclaircir les bronches. Si ses voies respiratoires restent encombrées, celle de son œuvre se dégage franchement de l’académisme, éloignant peu à peu l’artiste de ses pairs. Tandis que ceux-ci, surpris par une modernité radicale dont on s’étonne qu’elles ne les ait pas dérangés dès le début, la mettent sur le compte d’une vision déclinante, le spectateur d’aujourd’hui est surpris, en sens inverse, par le continuum de l’histoire de l’art à la faveur duquel les tableaux de Turner sont désignés comme des marines et exposés en même temps que ceux de Constable1. Pourtant parfaitement chronologique, ce cheminement, qui part du présent de l’artiste pour se rapprocher de la postérité qu’on lui connaît, nous prend à rebrousse-poil. Parce que nous avons appris à la voir (ou parce qu’elle nous a appris à voir comme elle), nous percevons la modernité avant la tradition face à laquelle elle se pose à la fois en continuité et rupture – de la même manière qu’éduqués à la sensibilité de l’œuvre, nous percevons sa finesse avant la brutalité avec laquelle nous la recevons pourtant (d’où la tentation d’imaginer une carcasse vide pour incarner l’artiste et la difficulté à le reconnaître dans l’ours qu’on nous présente).

Mr. Turner repose ainsi essentiellement sur la performance de Timothy Spall, qui donne corps à une vision, avec bien plus de poids que les quelques ciels reconstitués en technicolor. Moins inspirés que copiés des tableaux, ils font apprécier que le film soit pour l’essentiel composé de scènes d’intérieurs : les pièces et les personnages qui s’y meuvent reçoivent la lumière de l’extérieur comme les toiles la peinture, et tout le film se trouve infusé de cette lumière, que l’on dirait émise par les tableaux eux-mêmes. Quand presque toutes les peintures du maître sont des paysages, ce parti-pris de rester en intérieur se révèle une manière intelligente d’investir l’extériorité de l’œuvre, sans chercher à la paraphraser ni à l’expliquer, en en soulignant seulement la force et la luminosité. Le film se termine ainsi, à la mort du peintre, par une double image : la femme avec laquelle le peintre a vécu la fin de sa vie et qui le savait a man of fine vision sourit doucement au soleil en essuyant ses carreaux, tandis que la servante erre, abattue, dans un atelier abandonné où n’entre plus aucune lumière. L’art : la lumière. 

 

1 Turner le nargue d’ailleurs joyeusement : alors que Constable n’en finit pas d’apposer d’invisibles retouches à son tableau, Turner écrase un pinceau rouge sur sa propre toile, s’en va, puis revient quelques minutes plus tard transformer la grosse tache en bouée – olé.

Caillebotte en gris souris

Yerres et Bruxelles se disputent dans le métro le titre de « l’autre capitale de l’impressionnisme ». Tout en gardant à l’esprit ce bon prétexte pour retourner manger des gaufres, c’est à Yerres que Palpatine et moi nous sommes rendus. L’exposition sur Gustave Caillebotte se tient dans la propriété familiale du peintre et, vu le parc, je peux vous dire quil n’a pas mené une vie de bohème : c’est calme et bourgeois, un peu comme le public qui y vient. 

De la quarantaine de tableaux exposés, présentés sur mur gris, émane une douce tristesse que je n’aurais pas imaginée chez le peintre des Raboteurs de parquets – le seul de ses tableaux que je connaissais jusque là – mais qui était raccord avec le temps de ce jour-là.

Quelques tableaux parmi mes préférés…

 

Canotier au chapeau haut de forme

Je me demande si la beauté de ce tableau ne tient pas à la disparition du haut de forme. Impossible de l’identifier ici au signe de distinction de l’élégant en tenue de gala ou à la silhouette historiquement datée que l’on voit très bien debout, avec canne et redingote. Le haut de forme est inattendu, aussi soudain que l’aspiration de l’homme de la ville à prendre l’air et sentir son corps en action. Rien à voir avec le canotier. L’homme ne joue pas à être désinvolte, il n’est pas du cru ; son haut de forme est formel : il est de passage.

 

 

Le parc de la propriété Caillebotte à Yerres

Comme à la croisée des chemins – des chemins en boucle qui montreront la vie, le parc, sous différents aspects mais qui conduiront au même point. Et la boucle sera bouclée dans le jardin déjà assombri. Curieux ronds-points de l’existence que ces massifs de fleurs, qui trouvent leur écho sur la portion des chapeaux ceinte d’un ruban.

 

 

Le Billard

Peut-être que, fini, ce tableau n’aurait pas été aussi réussi, malgré la silhouette à contrejour du joueur. Il manquerait l’explosion blanche de l’adversaire absent, grâce à laquelle la partie n’est jamais finie, et l’absence des boules, grâce à laquelle la partie n’a jamais commencé (que comme métaphore).

 

Boulevard vu d’en haut

Vous vous rendez compte ? C’étaient déjà les mêmes grilles à l’époque. Et ça tourne, tourne, comme aujourd’hui les roues de voitures sur les pavés. Caillebotte s’y était déjà penché.

 

Effet de pluie

En l’absence d’eau qui tombe, c’est le désoeuvrement de l’artiste qui fait des ronds dans l’eau. Un peu triste, un peu amusant. Et l’on se remet en marche, dans le parc, cette fois, où l’on promène nos petites vies du moment, leur récit entrecoupé de temps en temps par un détail observé, et repris avec la même continuité, seulement aéré par ces diversions bienvenues.

Vallotton

Des scènes intimes qu’aurait pu choisir Degas, des scènes de théâtre à la Hopper, des chignons façon Toulouse-Lautrec, un portrait d’Émile Zola à la Mucha, des ombres et des nuages comme des boyaux de Dali, un tableau de Verdun futuriste… on a du mal à croire que tout cela a été peint par le même homme. Félix Vallotton, tout à la fois romancier, dramaturge, graveur et peintre, est passé d’un sujet à l’autre sans se soucier de continuité stylistique – ni même de rupture : je n’ai pas fait assez attention aux dates pour en être certaine mais il ne semble pas y avoir de périodes distinctes dans sa peinture, que le commissaire a donc choisi d’exposer par thématiques transversales. À chaque salle, c’est un peu la surprise – quand ce n’est pas d’un tableau à l’autre.

 

Valse

Valse
Quand le pointillisme se fait paillettes… Juste wow !

 

Je ne m’étonne plus de ne pas connaître le peintre : pour se faire (re)connaître du grand public, mieux vaut avoir un style identifiable. Or celui de Vallotton est particulièrement difficile à cerner. On ne peut même pas dire, comme pour Gerard Richter, artiste contemporain qui passe sans transition de la peinture hyper-réaliste d’après photographie à des séries abstraites qui n’ont encore rien à voir les une avec les autres, que son style se définit par une absence de style, visant l’objectivité. Il y a au contraire chez Félix Vallotton une multiplicité de styles, qui ne sont pas pour autant des explorations techniques comme c’est le cas chez Signac, par exemple, qui cherche ce qui, du point, du trait ou de la ligne, restituera le mieux la couleur et la vibration de la vision. On dirait que Félix Vallotton ne cherche rien, ne se dirige nulle part, essayant seulement à se débarrasser de ses tracasseries. Apparemment, il n’a pas eu un rapport aux femmes aisé et cela s’en ressent dans ses tableaux de couples, où la femme n’a pas le beau rôle, et dans certains de ses nus féminins, où la chair a quelque chose de massif, comme lourde de menaces. (En même temps, si je puis me permettre, à en croire ses autoportraits, ce n’est pas le charisme qui l’étouffe.)

 

 

Portraits

Les cinq peintres

Les Cinq Peintres (Vallotton se trouve debout, à gauche)
J’ai un peu l’impression qu’ils jouent à qui a la plus grosse (barbe).

 

Félix Jasinski tenant son chapeau

Félix Jasinski tenant son chapeau
(Cet homme me fait penser à un camarade de lycée de manière assez frappante…)
J’aime beaucoup la signature de Vallotton, en haut à droite, dans une police qui évoque la gravure, avec juste la hampe du F et du V qui partent en arabesque.

  

Portrait de Zola

Portrait de Zola
Ne trouvez-vous pas que les contours marqués donnent un côté Mucha au portrait ?

 

Nus

La femme au perroquet

La Femme au perroquet
Olympiaa, Olympiiiiiia, Maaaanet, Maneeeet, Olympiaaa… J’ai ri devant ce perroquet qui radote sûrement moins que les spectateurs devant ces hoquets de l’histoire de l’art.

La Blanche et la Noire

La Blanche et la Noire

Le Sommeil

Le Sommeil
Les hanches font un drôle d’angle (et la couette a la même forme curieuse que l’épaule d’un autre nu féminin).

 

L'Automne

L’Automne
(Pas certaine d’avoir envie que toutes les feuilles tombent.)

Le Bain turc

Le Bain turc façon American college

Le Bain au soir d’été
Entre nous, je trouve ce tableau assez affreux mais il paraît qu’on a beaucoup de chance de le voir (certains ont dû être touchés par les rayons de la grâce divine, en haut du tableau). 

 

Étude de fesses

Étude de fesses
Autant dire que, placé à côté d’une nature morte de jambon, cela fait rire tout le monde.

 

Scènes de la vie théâtrale et intime

La loge de théâtre

La Loge de théâtre
Hopper style

Le provincial

Le Provincial
Il faut au moins la plume de cette élégante et le rideau de droite pour mettre en scène en scène cet homme plutôt banal.

 

Le Dîner

Le Dîner
Vallotton, de dos, face à sa belle-fille. Ambiance.

 

Femme fouillant dans un placard

Femme fouillant dans un placard
Fouillant, pas rangeant.

 

Misia à sa coiffeuse

Misia à sa coiffeuse
Le seul tableau que je connaissais déjà (sûrement vu au musée d’Orsay).

 

Le Mensonge

Le Mensonge
On détourne les yeux de tout ce rouge et l’on voit… ce titre rabat-joie. De belle illusion, l’amour est devenu un mensonge, qui emprisonne entre deux pans de papier peint. Je t’aime ne se dit pas.

 

Intérieur avec couple

Intérieur avec couple et paravent
À la dissimulation du paravent, je préfère la tendresse des mains dans le dos.

Xylographies

Ses xylographies (il est fun, ce mot !) accentuent ce qui est peut-être la seule caractéristique commune de ses peintures : la prégnance du trait et des aplats de couleur pour ce que le panneau de la première salle définit comme une « peinture du contour ». Les vignettes produites sont à mi-chemin entre Tintin, Persepolis et les illustrations des pièces d’Oscar Wilde ! Parce qu’elles semblent préfigurer la bande dessinée et sont présentées dans la dernière salle du rez-de-chaussée (comment ça, y’a encore un étage ?), on a l’impression que ces gravures constituent l’aboutissement de son travail alors qu’elles sont en réalité antérieures à la plupart des peintures.

Xylographie La paresse

La Paresse
Je n’aurais pas été surprise de trouver cette gravure illustrant une anthologie d’Oscar Wilde.

 

Xylographie Le feu d'artifice

Le Feu d’artifice
Toutes ces petites têtes avec chapeaux et fichus ne vous rappellent-elles pas celles de Persepolis ?

 

Xyographie Le trottoir roulant

Le Trottoir roulant
L’enfer de la modernité

 

Xylographie Le grand moyen

Le Grand Moyen

 

Xylographie Cinq heures

Cinq heures
Chez Vallotton, on fait toujours l’amour à cinq heures.

 

Xylographie Félix Vallotton

FV ou le cheveu Van Gogh

 

Xylograpgie E. A. Poe

Portrait d’Edgar A. Poe

Xylographie La mer

La Mer et le noir soleil de la mélancolie

 

Et puis aussi, en vrac…

Lavendières à Étretat

Lavandières à Étretat

 

Le Ballon

Le Ballon
À Édimbourg, je suis passée sur un pont surplombant un immense jardin où un père et son enfant jouaient au ballon. L’ombre des arbres, la lumière… c’était exactement ça.

 

Verdun

Verdun futuriste

À lire

Allegro Barbaro

Béla Bartók et la modernité hongroise 1905-1920
 

affiche de l'exposition

 

Première bonne idée : appâter le visiteur avec un nom connu pour lui faire monter cinq étages et découvrir des peintres dont il n’a jamais entendu parler, alors que leurs toiles, entre fauves et folklore, lui parlent d’emblée. Je n’ai jamais vu la peinture de Sándor Ziffer, Dezsö Czigány ou Róbert Berény et pourtant, leurs tableaux me sont familiers. Les panneaux se chargent de m’expliquer pourquoi : moult analogies cultivées lors de voyages Paris-Hongrie et mûries par une culture propre, où le folklore occupe une place à part entière, beaucoup moins marginale que nos sabots et coiffes bretonnes (encore qu’en ce moment…). Cette prégnance du folklore dans les culture de l’Europe de l’Est, qui m’avaient intriguée dans certains romans de Kundera (lequel s’étranglerait en entendant parler d’Europe de l’Est et non d’Europe centrale), la voilà enfin visible – mais je ne dois toujours pas vraiment saisir, parce que ce n’est pas ce qui m’interpelle : je n’en retiens que les couleurs. Des couleurs, enfin, qui font ressortir la richesse de l’expérience humaine (et pas seulement sa vision) avec une puissance toute expressionniste : je ne me suis pas encore tout à fait remise de ce visage vert – vert ni de jalousie ni de maladie !
 

AutoportraitAutoportrait

Autoportraits de Dezsö Czigány et Sándor Ziffer.

Dans ses Deux Portraitspour orchestre (1907-1908), Béla Bartók fait se succéder l’ « idéal » et le « grotesque ». Dans le même esprit, les peintres hongrois de la nouvelle génération, partis pour la plupart compléter leur formation à Munich puis à Paris, semblent animés de la conviction que l’excès de gravité confine au grotesque : certains autoportraits basculent ainsi de l’introspection dans l’autodérision.

Extrait de la présentation du musée d’Orsay.
 

 Sandor-Ziffer Landscape-with-Fence

Sándor Ziffer, Landscape with fence

 

Seconde bonne idée : contempler la peinture en musique. Les deux arts rentrent autrement mieux en résonance par ce biais qu’en étant juxtaposés sur une chronologie (procédé tellement peu efficace que je suis toujours surprise d’apprendre que tel peintre n’était pas encore mort que tel musicien composait déjà). Et puis, c’est agréable : la scénographie est faite de telle sorte qu’il n’y a jamais collision sonore ; on circule librement dans les espaces aménagés au sein d’une grande pièce, sans personne sur les talons pour vous intimer d’avancer plus vite – seulement l’annonce de la fermeture du musée, à 17h30, un samedi après-midi ! La boutique est déjà fermée quand on sort de l’exposition : pas moyen de savoir si le DVD du Château de Barbe-bleue présenté est disponible à la vente. Cet opéra exerce sur moi une fascination que je ne m’explique pas totalement. Les quelques extraits donnés ont suffi à me donner envie de voir le reste de la mise en scène – peut-être m’aiderait-elle à comprendre pourquoi cela m’avait déjà fait un tel effet en version de concert. C’est en tous cas un prétexte parfait pour retourner voir cette exposition – avec Klari sous le bras, pour ajouter à la musique diffusée celle de la langue hongroise, pleine d’accents mystérieux.

 

Esquisse d'après un tableau de Róbert Berény

Je n’ai pas réussi à retrouver ce tableau (parmi mes préférés) mais une blogueuse en a fait une jolie esquisse à l’aquarelle, qui vous le fera retrouver sans souci lors de votre visite. D’après Róbert Berény, donc.

Mit Palpatine